Photo : M. Hacène Par Samir Azzoug «L'urbanisme révèle la culture et la civilisation d'une société. Il est en étroite relation avec l'art de vivre. Ces assises sont organisées pour que la société toute entière s'approprie la question», déclarait hier, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, en ouverture des premières assises nationales de l'urbanisme. Clôturant une série d'assises régionales tenues dès le mois de février de l'année en cours, la manifestation unique en son genre depuis l'indépendance du pays, se veut un espace d'échange entre experts, universitaires, autorités locales et administration pour l'élaboration d'une stratégie nationale ,afin d'améliorer la qualité de vie des citoyens dans les villes et villages, à travers une visibilité cohérente sur l'aménagement planifié et progressif en adéquation avec l'évolution économique et sociale du pays. «Nous sommes à la recherche du projet urbain fédérateur», annonce Noureddine Moussa. Revenant sur la cacophonie urbanistique qui sévit depuis des décennies sur le territoire national, le premier responsable du secteur reconnait des dysfonctionnements et autres dépassements «dont tout le monde est coupable. Aussi bien les responsables que les citoyens». Il énumérera différentes entraves liées essentiellement au manque de rationalité dans la création et l'interaction avec l'environnement, à l'insuffisance et à la non-conformité dans l'exercice des actes d'urbanisation ainsi qu'au manque d'un schéma d'occupation des sols. Mais l'argument phare dans le raisonnement du ministre reste «la période difficile par laquelle est passée le pays». Par cette déclaration, le ministre a ciblé les années 1990 où «l'Etat avait d'autres préoccupations». L'Algérie indépendante a connu trois phases essentielles dans sa politique d'urbanisme. Après la reconduction de la législation post-indépendance, la période 1974-1990 a vu l'institution dès 1975 du plan d'urbanisme directeur (PUD), la zone d'habitat urbain nouvelle (ZHUN) et la zone industrielle (ZI). En 1990, la loi n° 90-29 relative à l'aménagement et l'urbanisme a mis en place de nouvelles règles de production et de gestion à travers le Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PNAU) et le Plan d'occupation des sols (POS). Mais la démarche fut interrompue par la situation difficile due essentiellement au surendettement, aux pressions exercées sur le pays par le FMI ainsi qu'à la décennie de violence terroriste. «A cette époque, il y avait une gestion anarchique du foncier. Aujourd'hui, l'Etat est entrain de revenir et de rattraper le retard» soutien le ministre. Intervenant sur le rôle des élus locaux en matière de gestion, il a expliqué que «le code communal a donné de larges prérogatives aux élus locaux. «C'est à la commune d'avaliser les plans d'occupation des sols. Avec le nouveau code, ces prérogatives sont renforcées». Pour ce qui est du contrôle d'urbanisme « le point faible» du secteur, selon Noureddine Moussa, en informant qu'il y a 12 000 agents,a rappelé la création récente de l'Inspection générale de l'urbanisme renforcée par «6 ou 7 inspections régionales». Autre nouveauté, la création toute aussi récente de l'Agence nationale de l'urbanisme. Par ailleurs, en matière de compétence, il y aurait selon le ministre 10 000 architectes urbanistes et une école d'urbanisme verra le jour prochainement. Pour pallier aux insuffisances du secteur, Noureddine Moussa a mis le point sur l'importance des bureaux d'études et des chefs de projets dans la réalisation de projets urbanistiques. Il invite les jeunes diplômés à se lancer dans ce créneau «porteur». Les assises nationales de l'urbanisme ont vu la participation de quelques 1 500 personnes. Se déroulant du 19 au 20 juin en cours, l'événement a pour ambition de sortir avec des recommandations à même d'engendrer un code d'urbanisme qui serait la base de départ pour une nouvelle visibilité de la ville et village du pays. Des ateliers d'échanges et de réflexions sont organisés et portent pour thématiques : l'urbanisme de demain, les risques sismiques et aménagements urbanisme ou encore plaidoyer pour la mise en place d'un Sig territorial. S. A.
Commissions d'attribution de logements «transparentes et équitables» Interrogé sur les commissions de distribution des logements, lors d'une conférence de presse animée en marge des assises le ministre de l'Habitat a assuré que «le dispositif actuel est très transparent et équitable». «Vous connaissez le décret n°08-142 du 11 mai 2008 qui codifie l'attribution des logements publics locatifs. Il définit quatre conditions d'attribution : l'ancienneté de la demande, le niveau du revenu, les conditions d'habitation et la situation familiale avec un système de points. Je ne vois pas comment les commissions peuvent tricher». Sur les manifestations récurrentes qui secouent les localités une fois les listes de bénéficiaires affichées, le ministre a expliqué que les gens sont impatients et ne voient pas la détresse des autres. «Il y a toujours plus nécessiteux que soi. Et puis, il y a les recours. C'est une façon civique de manifester son mécontentement». Il dira encore, que le programme de plus d'un million de logements inclus dans le plan quinquennat en cours (2010-2014) est réservé à ces demandeurs et «ils sont gagnants car tout le monde aura constaté que la qualité des logements s'améliore d'année en année» manière de dire «patientez, vous aurez des logements plus agréables».