Députés, universitaires, militaires et policiers ont débattu récemment de la professionnalisation de l'ANP et du service national. Initiative d'autant plus louable que les occasions de voir réfléchir ensemble des civils et des militaires dans un espace public sont rares. Opportunité leur fut offerte lors d'une récente journée parlementaire où il a été question de la réduction de la durée du service militaire ou de sa suppression. Le temps de la conscription ou l'abolition du service militaire ont, c'est évident, un lien direct avec la professionnalisation. Mais au regard des capacités de défense du pays, de l'état d'avancement de la professionnalisation, de la santé de l'économie et de l'épaisseur des finances, l'abrogation du service national serait une décision fantaisiste. Appréciée aussi par rapport au potentiel national de matière grise et du niveau étique de la recherche scientifique, une telle idée serait même une hérésie ! A l'image d'un pays plus évolué et plus riche comme la France, cité en exemple, on abandonnerait le service national lorsque l'Algérie serait apte à construire une défense plus moderne, plus efficace et moins coûteuse. On n'en est pas encore là car la professionnalisation, entamée il y a vingt ans, est un processus lent et onéreux. Pour nationale et populaire qu'elle soit, l'ANP a subi des mutations profondes qui bousculent le mode de pensée et de fonctionnement traditionnel. Une évolution qui a induit un bouleversement structurel, l'armée passant d'une organisation fondée sur des bataillons et des brigades à un schéma basé sur des divisions et des corps d'armée dont l'édification suit son cours. Il a fallu aussi procéder à une remise à niveau de tout le système de défense. Impératif majeur, car la technicité et la sophistication croissantes des matériels et du métier militaire impliquent de former longuement et mieux les personnels et de les rentabiliser à leurs postes. Logique de repenser donc le format et la durée du service national en fonction des contraintes et des objectifs de la professionnalisation. L'universitaire Ahmed Adhimi, colonel à la retraite, qui sait de quoi il parle, a bien raison de dire que les Algériens «doivent donner un cachet particulier au concept de la professionnalisation avec, notamment, le maintien du service national». Aucun modèle n'est donc transposable. C'est entendu. Le service national, instauré en 1969 et dont la durée a été ramenée à 18 mois en 1990, doit être maintenu, repensé et reformaté, en connexion avec les contraintes de la professionnalisation et les exigences de la défense nationale. Il s'agirait alors de dispenser aux conscrits une formation militaire et technique au-delà même de la FCB, la traditionnelle formation commune de base durant laquelle le bidasse est initié aux charmes de l'ordre serré et au maniement d'armes légères. Mieux formés, les «Appelés» seraient plus qu'une modeste force d'appoint militaire lorsqu'il serait question de constituer une véritable force de réserve. Dans ce cas de figure, le service national serait plus efficace et plus rentable pour une ANP qui serait, plus que jamais, l'école de la socialisation et de la cohésion nationale. N. K.