Le débat autour de la question du service national s'est invité, hier, à l'Assemblée populaire nationale (APN) à travers l'organisation d'une journée d'étude portant sur le concept du professionnalisme dans les armées et sa relation avec le service national. Faut-il réduire la durée du service national ? Faut-il carrément le supprimer et opter pour la professionnalisation de l'armée ? Ou alors le maintenir obligatoirement et dans sa formule actuelle ? Des universitaires, des représentants de la gendarmerie, de la police et des députés ont pris part à cette manifestation initiée par la commission de la défense nationale de l'APN. Le prime abord, une remarque s'impose ; une telle initiative est, certes, louable, mais traiter le sujet dans sa forme en évitant le fond diminue de la valeur de cette rencontre. Tous les intervenants ont évoqué «le modèle français» et ils ont axé leur communication sur les différentes étapes suivies par la France pour la suppression du service national et son remplacement par la professionnalisation de l'armée. Ils ont expliqué dans le détail pourquoi les Français ont opté pour la suppression du service national. Jusque-là, tout est correct. Seulement, au moment de parler de l'Algérie et du modèle approprié, voire la suppression ou pas du service national... les intervenants ont hésité, qualifiant le sujet de très sensible. De l'avis de certains universitaires, les décisions portant sur le service national dépendent des hautes autorités, ce qui sous-entend qu'il ne faut pas s'impliquer : «Je ne peux pas m'avancer sur cette question, et je ne peux me prononcer ni sur sa suppression ni sur son maintien. C'est une question délicate», a précisé M. Yatou, universitaire. Néanmoins, et durant les débats, la question a été abordée et les invités ont tenté de répondre. Aucun intervenant n'a plaidé pour la suppression du service national, la majorité était en faveur de sa réduction pour l'amener à une année ou alors six mois. Yarfaa Mohamed, président de la commission de défense à l'APN, a révélé qu'une demande dans ce sens a été adressée au président de la République et aux différentes institutions concernées par le dossier. M. Yarfaa plaide pour un service national d'une durée d'une année. «Nous avons effectué des visites sur le terrain et dans plusieurs régions du pays, nous avons discuté avec des jeunes de niveaux différents, nous nous sommes également rendus dans des casernes. Les intéressés pensent que l'idéal est de réduire le service national et l'amener à une année au lieu de 18 mois», explique M. Yarfaa. Ce dernier fera remarquer qu'il existe actuellement une volonté politique quant à la réduction du service national. Le président de la commission de défense a proposé dans la lettre adressée au Président que les premiers six mois du service national soient consacrés à la formation, au stage et aux entraînements et les autres six mois, c'est au choix de l'intéressé. Adami, un autre universitaire, n'a pas manqué de soulever que de manière générale, ce sont les enfants des pauvres, des démunis, les «noirs» qui font le service national dans l'optique de percevoir ou une prime ou un salaire. D'aucuns estiment que le service national sert à assurer la cohésion nationale, l'amour du pays, de l'emblème national et il est nullement nécessaire de le supprimer mais plutôt d'aller vers la professionnalisation de l'armée en la rendant plus performante, et ce, en jouant la carte de la qualité et non de la quantité.