Il suffit de faire un tour dans les espaces citadins pour apercevoir des «panoramas» dénués de tout ornement. «On accole n'importe quoi sur les murs et pourtant la ville possède une école des beaux-arts», s'indigne un citoyen. A vrai dire, l'œuvre collective n'a pas droit de cité à Constantine. «Il faut redonner aux arts plastiques la place qui leur revient et c'est déjà le plus important pour confirmer l'existence de la pléiade d'artistes œuvrant à Constantine», renchérit un plasticien amateur. Aujourd'hui, si un marché de l'art est primordial, les artistes, de leur côté, doivent aussi prendre des initiatives. Ils doivent tenter de s'imposer sur la scène et imposer leurs créations, quitte à investir les places publiques et se faire chahuter De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L'avènement de la photographie aurait-il éclipsé sculpture et peinture ? C'est une hypothèse qui, même si elle se vérifie, ne peut, toutefois, justifier la marginalisation des arts et leur exclusion de la cité. Selon certains spécialistes, ce qu'il faut, c'est un changement de vision globale pour que l'art reprenne sa place dans la société et dans la ville. Il faut permettre aux créations artistiques d'être toujours au-devant de la scène. Or, tel n'est pas le cas. D'ailleurs, à titre d'exemple, de nombreux artistes et observateurs estiment que les fresques décorant les murs des deux maisons de la culture de Constantine sont dénuées d'esthétique, voire de touche artistique. Il n'y a pas plus d'une semaine qu'une artiste plasticienne nous a fait la même remarque lors d'une manifestation culturelle organisée au palais de la culture Malek Haddad. «Regardez-moi cette fresque. Personne n'a pensé à la retraiter ou la changer carrément par une œuvre plus fraîche», devait-elle lâcher. Le Salon des arts plastiques tenu à Constantine l'hiver dernier aurait pu insuffler un dynamisme à ce domaine artistique souvent relégué au second plan faute d'attention particulière des pouvoirs publics et en l'inexistence de connaisseurs, ce qui laisse pour le moins le peintre seul face à ses œuvres. Laissés à leur sort, les artistes locaux issus de l'Ecole des beaux-arts et des autodidactes assistent impuissants à la dégradation de leurs œuvres en l'absence d'une contribution stimulante apte à maintenir intactes leurs créations. De surcroît, l'inexistence d'une véritable galerie d'art à Constantine constitue un autre handicap majeur quant à la promotion des œuvres d'art. «On n'encourage pas les jeunes peintres», se désole-t-on. Ainsi, les responsables devraient parfois faire l'effort d'encourager ces jeunes talents. Ce n'est pas vraiment le cas à Constantine. Pour capitaliser les initiatives, cette année, la Direction de wilaya de la culture a apporté sa contribution fût-ce symbolique, en mettant à la disposition des exposants le grand hall de la maison de la culture El Khalifa et ce, en attendant de voir la salle Issiakhem recouvrer son droit de cité. Une initiative somme toute accueillie à bras ouverts par la corporation des artistes locaux qui, enfin, peuvent révéler leur «monde» au public. «C'est pour redonner espoir aux artistes qui, souvent, se disent délaissés qu'on a opté pour cette formule», dira le directeur de la culture de wilaya. Une ouverture d'expression qui appelle, cependant, une autre attention. Celle de consacrer aux artistes actifs des ateliers pour y exercer. A ce titre, la chance ne sourit pas à tout le monde. Ajoutez à cela l'absence d'un véritable marché voué à ce volet. Les plasticiens se démènent comme ils peuvent pour exposer et proposer leurs produits à la vente. De l'avis de quelques peintres, une stratégie à même de booster les arts demeure la seule alternative. Cela va de la création d'associations qui joueraient un peu le rôle de courroie de transmission entre artistes et société civile aux autorités locales qui devraient contribuer à la promotion de l'art en lui réservant une place dans les halls, sur les places publiques, les murs aveugles de la ville et tous ces endroits dénudés qu'une œuvre d'art ne peut que mettre en valeur. Cette démarche pourrait aboutir à un «consensus artistique» dont la vision globale sera matérialisée par un projet fiable au profit de l'esthétique de la cité. Mais, pour l'heure, ce ne sont là que rêve et espoir. Il suffit de faire un tour dans les espaces citadins pour apercevoir des «panoramas» dénués de tout ornement. «On accole n'importe quoi sur les murs et pourtant la ville possède une école des beaux-arts», s'indigne un citoyen. A vrai dire, l'œuvre collective n'a pas droit de cité à Constantine. Chaque initiative, aussi furtive soit-elle, s'émousse au terme d'une exposition sans laisser grande impression chez les responsables, alors que ces derniers disent n'attendre que des propositions relatives à l'aménagement des cités pour les concrétiser. Doit-on créer un office des arts plastiques ? Ce n'est pas nécessaire. «Il faut juste redonner aux arts plastiques la place qui leur revient et c'est déjà le plus important pour confirmer l'existence de la pléiade d'artistes œuvrant à Constantine», répond un plasticien amateur. Aujourd'hui, si un marché de l'art est primordial, les artistes, de leur côté, doivent aussi prendre des initiatives. Ils doivent tenter de s'imposer sur la scène et imposer leurs créations, quitte à investir les places publiques et se faire chahuter.