Les travailleurs du textile sont en colère contre l'autorisation d'importation de la friperie votée par l'APN. Une centaine d'entre eux l'ont crié haut et fort lors d'un rassemblement, hier au siège de l'UGTA, au moment où les sénateurs s'apprêtaient à voter la LFC 2011 qui contient la disposition contestée. Intervenant devant les travailleurs du textile et cuir, le secrétaire général de la première centrale ouvrière du pays (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a rappelé l'importance de ce secteur, lequel était, jadis, un «exemple de la performance économique», mais qui a été «durement assaini». «Il est passé de 470 000 travailleurs, dans les années 70, à 18 000 actuellement.» Devant les travailleurs tout ouïe, il évoquera les temps glorieux du secteur, qui a permis aux Algériens de se vêtir de «la chaussure à la tête» en dépit des problèmes. «Vous aviez des problèmes, vous touchiez des salaires de misère, mais malgré cela, vous étiez patients. Il y avait un grand espoir que le secteur allait retrouver des jours meilleurs et que le jour viendra où le travailleur retrouvera sa dignité», a affirmé M. Sidi Saïd, avant d'ajouter que «depuis trois ou quatre ans, on s'est engagé sur un dialogue avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour l'assainissement du secteur». «Nous avons dit que c'est impossible que les Algériens continuent de se vêtir de l'étranger et contribuent ainsi à l'essor des économies des pays étrangers», a indiqué l'orateur pour ensuite rappeler la décision des pouvoirs publics d'assainir les entreprises du secteur «pour en faire un moteur de l'économie nationale». Mais, dira Sidi Saïd, «la décision qui vient donner le coup de grâce au secteur des textiles et cuir et détruire la production nationale, c'est l'importation de la friperie», expliquant qu'il ne s'agit pas de production étrangère de textile, mais d'articles usagés. Pourtant, l'Etat a pris la décision d'interdiction définitive de l'importation de la friperie par la LFC 2010. Mais, il y a cette initiative de l'Assemblée nationale. «Une décision dont on demande l'annulation, pacifiquement, pour la sauvegarde de l'économie nationale et la dignité des Algériens», a-t-il insisté. Pour le SG de l'UGTA, l'annulation de la décision d'importation de la friperie permettra non seulement de renforcer la production nationale, mais aussi d'élever le pouvoir d'achat des Algériens. «Si l'UGTA demande l'annulation de cet article, a ajouté Abdelmadjid Sidi Saïd, c'est parce que cela contribuerait à sauvegarder des postes d'emploi existants et à en créer d'autres, en sus de l'augmentation des salaires et de la titularisation du personnel.» Dans ce sillage, il a annoncé que des négociations sont en cours entre la Fédération des textiles et les SGP pour la révision à la hausse des salaires et du régime indemnitaire des travailleurs du secteur. «Ce n'est pas 5 ou 10% qu'on veut. C'est 40% d'augmentation», clament haut et fort des voix jetant la salle dans un brouhaha indescriptible.Les 18 000 travailleurs du secteur du textile, dont plus d'une centaine ont fait le déplacement au rassemblement du «foyer civique», ne veulent pas de «la concurrence déloyale» de la friperie importée. Ils considèrent que cette décision va à l'encontre de la démarche de l'Etat qui a déboursé des sommes colossales pour l'assainissement des entreprises, alors que, d'un autre côté, cette décision de dégel de l'importation de la friperie vient détruire un secteur de l'économie nationale. Ce qui équivaut à jeter par les fenêtres l'argent de l'assainissement. «On est mécontents parce qu'une Assemblée irresponsable n'a pas à faire sa politique première avec l'importation de la friperie», a affirmé Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et cuir (Fnttc), ajoutant sa voix à celle des travailleurs qui se disent prêts à poursuivre leurs manifestations devant les sièges des deux Chambres du Parlement si le texte autorisant l'importation de la friperie n'est pas retiré. A. R.