Photo : Hacene De notre correspondant à Tizi-Ouzou Lakhdar Siad Ces demandeurs de logement, dont les dossiers de certains datent d'au moins une décennie, ont saccagé des guichets du service d'état civil et observé un sit-in devant le siège de la daïra. Selon les protestataires, beaucoup parmi eux habitent dans des «conditions lamentables» de promiscuité et de détérioration de leurs anciennes habitations qui risquent de s'effondrer à tout moment. Cette situation, qui est la conséquence de la gestion catastrophique de la plupart des responsables qui se sont succédé au secteur de l'habitat de la wilaya de Tizi-Ouzou, justifie les retards incroyables dans ce domaine par l'infinie litanie de «contraintes objectives» comme le relief accidenté, le manque d'assiettes foncières, l'inachèvement des travaux de la voirie et des réseaux divers (VRD, assainissement, gaz et eau potable), le retard dans la réalisation des études du PDAU et du POS, le manque de l'outil de réalisation (entreprises de BTH qualifiées) ainsi que les lenteurs administratives que des élus ont dénoncées à maintes reprises, notamment en ce qui concerne les aides octroyées dans le cadre de l'habitat rural qui sied le mieux pour une région comme la Kabylie aux traditions millénaires d'autoconstruction. Pris de façon globale, le secteur de l'habitat dans la wilaya de Tizi-Ouzou souffre de retards multiples dans la concrétisation des objectifs tracés, le cumul de programmes de logements non livrés, les lacunes dans ceux livrés en grande pompe, l'absence d'informations et de communication envers le large public de la part des directions concernées sur les formules disponibles, les démarches à suivre pour l'obtention des différentes aides, la disponibilité et les prix des assiettes disponibles, etc. D'ailleurs, un rapport de fin d'année 2010 de la commission de l'aménagement du territoire, du développement local et du tourisme de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) avait souligné «un engagement théorique étant donné la réalité du terrain» en se penchant sur le critère de respect des délais de réalisation de logements, toutes formules confondues. Le retard étant le point commun des conclusions des bilans successifs du secteur du logement. A la fin de l'année 2010, un bilan fait part d'un retard énorme dans la réalisation des opérations engagées théoriquement. De janvier 2006 jusqu'à récemment, seuls 34 246 logements ont été réceptionnés sur un total (les programmes précédents de 16 611 unités y sont inclus) de 67 003 affectés officiellement. Les programmes des logements sociaux locatifs (LSL) sont les plus touchés par les prorogations des délais de livraison avec un taux dérisoire de 33% de logements réceptionnés, soit 4 867 appartements sur les 14 602 prévus. Cela dit, la wilaya de Tizi-Ouzou compterait au moins 30 000 habitats précaires, le vieux bâti étant classé dans la catégorie habitat précaire. Selon la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) de la wilaya de Tizi-Ouzou, 98 sites classés dans cette catégorie d'habitat précaire ont été recensés dans la quasi-totalité des communes en plus d'une vingtaine de bidonvilles comprenant 680 habitations (728 familles). Au total, on signale 77 cités précaires de 3 147 habitations où survivent 3 438 familles. Les services concernés de la wilaya de Tizi-Ouzou, dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire (PRHP), ont engagé un programme d'affectation de plus de 4 000 logements dispatchés sur 32 sites connus à travers les 67 communes de la wilaya, dont 900 étaient prévus au chef-lieu de la wilaya qui compte le plus grand nombre d'habitations précaires. Les mêmes services avaient relevé «l'éclatement du programme sur plusieurs sites», les «surcoûts de réalisation, la flambée des matériaux de construction et l'instabilité du marché» comme les principaux facteurs qui entravent la réalisation dans les délais du programme (PRHP) en cours d'exécution. Pour rappel, le secteur de l'habitat a bénéficié d'une affectation budgétaire de près de 84 milliards de dinars. Le wali de Tizi-Ouzou a promis la réalisation de 45 000 unités et l'habitat rural occupe une place prépondérante dans son plan visant à éradiquer l'habitat précaire. «Nous allons donner la priorité à la formule de l'habitat rural en raison des spécificités de la région», a-t-il affirmé. Il s'agit de réaliser 22 000 habitats ruraux sur les 45 000 logements prévus dans les cinq années à venir, selon les statistiques de la Direction du logement et des équipements publics (DLEP) de la wilaya de Tizi-Ouzou. Ces réalisations seront suivies par les logements publics locatifs (LPL) avec 12 500, les logements promotionnels aidés (LPA), 10 000, et les logements d'astreinte avec 500 unités. «Cette option pour l'habitat rural s'explique par l'engouement qu'elle suscite chez les postulants dans une région traditionnellement portée sur l'autoconstruction, comme l'atteste la forte demande enregistrée en la matière», a soutenu, de son côté, le DLEP de la wilaya de Tizi-Ouzou. Mais la patience des demandeurs a des limites…