En sa qualité de chef d'Etat, commandant suprême des forces armées et de ministre de la Défense, le président Abdelaziz Bouteflika a procédé récemment à un large mouvement de promotion d'officiers généraux et d'officiers supérieurs, ainsi qu'à des nominations à des postes de commandement et de direction. Ces changements sont un petit chef-d'œuvre d'équilibrisme dans la mesure où il concerne des cadres issus des différents commandements et directions de l'état-major, de l'administration centrale, du système de formation et des services de renseignement et de sécurité, selon les spécialistes. L'idée de ciselage d'orfèvrerie est accentuée par le souci de respecter aussi l'équilibre régional, donnée essentielle dans la culture politique et militaire depuis l'indépendance du pays. Outre l'élévation au grade de général-major de 9 généraux dont les noms et les fonctions avaient été publiés dans ces mêmes colonnes, le chef suprême de l'ANP a remplacé aussi le secrétaire général du ministère de la Défense, le général-major Ahmed Sanhadji, qui vit désormais une heureuse retraite. Lui a succédé au poste le général-major Mohamed Zenakhri, un poids-lourd de la haute hiérarchie militaire, qui avait déjà été proposé à cette même fonction en avril 2000. A l'époque, le président de la République lui avait préféré son prédécesseur, au grand dam de l'état-major qui avait marqué une nette préférence pour ce professionnel, alors contrôleur général de l'ANP, poste prestigieux et convoité. Conseiller du ministre de la Défense depuis le mois d'août 2005, le général-major Mohamed Zenakhri est concerné au premier chef par les dossiers de coopération militaire, notamment avec les pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. C'est à ce titre qu'il a discuté d'AQMI et de la situation sécuritaire au Sahel avec le vice-amiral d'escadre Philippe Combes, adjoint du chef d'état-major des armées françaises, à Alger, en janvier 2011. En décembre 2010, il participe activement aux entretiens avec le ministre tunisien de la Défense de l'époque, M. Riad Grira. Sur ce même dossier de la coopération militaire avec la Tunisie voisine, il dirige la délégation militaire algérienne aux travaux de la 4e session de la commission militaire mixte, réunie à Tunis en avril 2008. Le président de la République a nommé par ailleurs un nouveau directeur du Service national, le général Mohamed Salah Benbicha, colonel en 2006 et promu général en juillet 2007. Cadre très en vue du ministère de la Défense nationale où il a passé une partie importante de sa carrière, ce spécialiste des questions de l'armement est également sollicité sur les dossiers de coopération militaire et sécuritaire avec les pays d'Afrique sahélienne. Il est généralement de la partie lorsqu'il s'agit de coopération avec les armées malienne et nigérienne et de la lutte contre les groupes d'AQMI. Le général Mohamed Salah Benbicha est, d'autre part, un bon connaisseur de l'armement de grandes puissances émergentes comme le Brésil, l'Afrique du Sud et l'Inde. Dans le même cadre, le chef de l'Etat a nommé directeur central des services de l'Action sociale le général Dahmani Zerrouk. Jusqu'alors directeur général du CMA, le Cercle de l'armée, il a accédé au grade de général en juillet de l'année dernière. Le président de la République a également nommé chef d'état-major de la Gendarmerie nationale le général Mennad Nouba, promu à ce grade en juillet 2010. Ce gendarme de terrain, qui s'est distingué dans la lutte antiterroriste et les trafics en tous genres aux frontières, avait dirigé les groupements de gendarmerie dans les 6e et 2e régions militaires, limitrophes du Mali, de la Mauritanie et du Maroc. En juillet 2010, le chef suprême des forces armées avait promu 14 généraux au grade de général-major et, dans le même mouvement, élevé au rang de général 24 colonels. Il avait en même temps procédé à un vaste mouvement de remplacement aux postes d'adjoint et de chef d'état-major des régions militaires. C'est ainsi qu'il a nommé les généraux El Hadi Boudersa, Rachid Guettaf et Noureddine Hambli respectivement adjoints des commandants des 3e, 4e et 5e régions militaires. Figure aussi dans cette charrette de nominations aux fonctions de commandement et de direction le général Mustapha Chakour, nommé, lui, adjoint au directeur de l'ESG, l'Ecole supérieure de guerre de Tamentefoust, à l'est d'Alger. Cette école est dirigée depuis sa création en 2005 par Noureddine Kheloui, promu général-major en juillet 2011. Les généraux Mohand Ameziane Si Mohand, ancien attaché de défense à l'ambassade d'Algérie à Paris, Hassan Alaïmia et Saïd Ziad ont, d'autre part, été nommés, dans l'ordre successif, chefs d'état-major des 3e, 4e et 5e régions militaires. Ainsi, en l'espace de seulement un an, le président Abdelaziz Bouteflika a fait monter en grade et dans la hiérarchie 23 généraux-majors et 50 généraux. Ce vaste changement, en un temps et deux mouvements, induit un jeu de chaises musicales et provoque un profond appel d'air au sein de la hiérarchie militaire. Ce qui implique la montée en niveau de dizaines d'officiers supérieurs, notamment de lieutenants-colonels et de commandants. Il implique aussi de nombreux départs à la retraite, dont celui, par exemple, du général Smaïl Hallab, directeur des projets de développement de la gendarmerie, et du général-major Ahmed Sanhadji, ex-SG du MDN et ancien membre de la CDN, la Commission de dialogue national, créée sous le président Liamine Zeroual et chargée de concertation avec les partis politiques, notamment les islamistes. La question des mises à la retraite se pose désormais sur la base de l'Ordonnance 06-02 du 28 février 2006 qui fixe les limites d'âge dans le grade et la durée de service : 64 ans pour un général de corps d'armée, 60 pour un général-major et 56 pour un général. Son article 21 permet toutefois des dérogations d'âge dans des conditions fixées par le président de la République, commandant suprême des forces armées et ministre de la Défense. Ce qui explique le maintien à leurs postes de chef d'état-major, de conseiller spécial du ministre de la Défense (Benabbes Ghezaeil) et de patron du DRS, tous trois généraux de corps d'armée. Encore en exercice dans leurs fonctions, aussi, les généraux-majors Ahcène Taffer, commandant des Forces terrestres, Ahmed Bostila, commandant de la gendarmerie, Ben Ali Benali, commandant de la 5e Région militaire, et Saïd Bey, commandant de la 2e Région militaire. N. K. Installation du nouveau secrétaire général du ministère de la Défense nationale Le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, M. Abdelmalek Guenaizia, a procédé hier à l'installation officielle du général major Zenakhri Mohamed dans les fonctions de secrétaire général du ministère de la Défense nationale, en remplacement du général major Senhadji Ahmed, indique un communiqué du ministère. Cette installation intervient conformément au décret présidentiel du 26 juin 2011, précise le ministère. APS