Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Cette crise est apparue depuis jeudi passé au niveau de certaines stations situées en plein centre-ville et s'est ensuite étendue progressivement jusqu'à toucher toutes les localités. Les stations-service sont à sec, c'est la panne sèche alors que quelques jours auparavant, tout fonctionnait normalement et personne ne pouvait prévoir une telle situation. Situation qui a influé négativement sur l'économie locale et régionale qui, désormais, tourne au ralenti. Gros camions de transport, engins de travaux publics, véhicules particuliers, barques, chalutiers, ambulances, transport de minerais, taxis et autres sont quasi paralysés et l'activité réduite. Il y a quelques jours, au niveau de l'une des stations-services approvisionnées, l'encombrement était tel que le désordre s'est installé et des altercations entre automobilistes ont eu lieu. Il faut dire que la chaleur (39°c) ajoutée aux longues heures d'attente et les comportements de certains ont exaspéré plus d'un et des bagarres ont éclaté. La crise de carburant qui a d'abord touché les wilayas de Tébessa, Souk-Ahras, El Tarf et Guelma a atteint la wilaya de Annaba. Le phénomène, apparu il y a près de 2 mois, est dû essentiellement à la contrebande de carburant en direction de la Tunisie. Sur le terrain, ce sont des centaines de milliers de litres d'essence et de gasoil qui traversent allégrement les frontières Est malgré le dispositif de sécurité mis en place depuis la chute du régime de Ben Ali. Des frontières passoires que des véhicules chargés de dizaines de jerricans de carburant franchissent de nuit comme de jour pour se retrouver de l'autre côté de la frontière. En effet, lors de notre visite dans ce pays voisin, nous avons constaté que sur la route nationale 5 reliant El Kef à Testour avant de prendre l'autoroute, plus d'une dizaine de points de vente proposent aux automobilistes de passage toute sorte de carburant, essence normale, super, sans plomb, gasoil à des prix défiant toute concurrence. Les 20 litres du précieux liquide sont proposés à 16 dinars tunisiens alors qu'à la pompe, la même quantité fait environ 26 DT. Une véritable aubaine pour les automobilistes qui s'arrêtent pour remplir leurs réservoirs d'essence algérienne qu'on ne trouve plus de l'autre côté de la frontière mais qui est bradée et en abondance côté tunisien. Ce qui est surprenant, c'est que ces revendeurs ont pignon sur rue et ne sont nullement inquiétés par les policiers qui font de fréquentes patrouilles. Nous avons vu un barrage des services de sécurité dressé à quelques mètres de ces «pompes itinérantes», les trafiquants continuent leur business le plus normalement du monde et la saignée continue. Le renforcement de la sécurité aux frontières est «une vue de l'esprit», car comment expliquer que le carburant introuvable côté algérien est stocké dans des bidons au bord des routes en territoire tunisien pour être vendu aux Algériens en vacances ? Cependant à Annaba, la situation s'aggrave et les citoyens ne savent plus quoi faire pour se rendre à leur travail, pour se déplacer, pour régler leurs affaires puisque tout est tributaire du transport. Côté Naftal, on nous dit que l'approvisionnement de la wilaya de Annaba se fait normalement et qu'on a même augmenté les quantités. Selon un responsable, avant-hier, 18 wagons citernes de 60 mètres cubes chacun et 10 camions de 27 mètres cubes ont été distribués dans toutes les stations, et normalement la pénurie devrait s'estomper et la situation se stabiliser. Apparemment, ce n'est pas le cas et l'on craint que ces quantités ne prennent le chemin des frontières Est.