Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Plus que les cinq dernières années – soit depuis la surprenante délocalisation du Festival raï chez les voisins belabbésiens – la culture estivale semble se décliner en musique cet été à Oran. Depuis la fin juin, une pléiade d'artistes de la chanson algérienne se sont déjà produits au théâtre de verdure Hasni-Chekroune, que ce soit dans le cadre des échanges culturels avec la capitale de la Kabylie, Tizi-Ouzou, ou à l'occasion de la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse. Les estivaliers et mélomanes ont pu assister aux représentations d'artistes de la trempe de Lounis Aït Menguellat, Khlaed, Nouara, Mohamed Allaoua, les Abranis, Thagrawla, Bilal et d'autres chanteurs moins connus du public. Après une absence de plusieurs années, la présence de ces ténors de la chanson kabyle ou raï a été appréciée à sa juste valeur par un public avide qui n'a pas cessé d'en redemander : «Comme d'habitude, écouter Lounis a été un ravissement, confirme Messaoud, quinquagénaire et grand admirateur du barde d'Iboudraren. Ses nouveaux comme ses anciens textes sont des trésors de sagesse que je ne me lasse pas de revisiter.» Les plus jeunes, eux, ont plutôt vibré avec Allaoua et Khaled dont les tubes, enflammés et irrésistibles, entraînent invariablement vers les pistes de danse et laissent rarement les corps au répit. En deux semaines, le théâtre de verdure a ainsi abrité une quinzaine de manifestations musicales entre galas et concerts qui ont permis à des milliers d'Oranais et de vacanciers de s'aérer l'esprit et de mettre de côté les soucis de la vie.De leur côté, la Cinémathèque (toujours unique salle de spectacle ouverte sur la trentaine qui existe à Oran) et le théâtre Abdelkader-Alloula ne proposent malheureusement pas de programmes inédits pour cet été et s'entêtent à fonctionner avec les mêmes recettes et presque les mêmes produits éculés. Ce qui a pour résultat une défection constante d'un public qu'Internet, les programmes des télévisions étrangères et les vendeurs de CD satisfont pleinement. «De toutes les manières, les cinémas sont fermés et nous n'avons plus de pièces de théâtre intéressantes depuis très longtemps, en fait depuis la disparition des monstres que furent Alloula, Sirat, Medjoubi...», justifie Rachid dont le temps libre est partagé entre le cybercafé, la lecture et les films qu'il achète régulièrement auprès de l'un des innombrables vendeurs de CD piratés de la ville.En dépit, donc, de deux semaines aussi magiques que rares, le paysage culturel oranais demeure désespérément indigent : les salles de spectacles restent obstinément closes (on ne sait d'ailleurs toujours pas ce qu'il est advenu du Festival international du film arabe) et l'activité théâtrale demeure tributaire de la quantité. Quant au livre, il est confiné dans de rares petits espaces, manipulé par des mains encore plus rares.