Photo : Amira Bensabeur De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Avec le Festival panafricain, la vie culturelle oranaise a connu cet été une animation particulière, rarement vécue ces dernières années particulièrement depuis que le festival annuel du raï a été délocalisé vers la wilaya de Sidi Bel Abbès. Pendant près de deux semaines, les Oranais ont ainsi vécu un dépaysement culturel total grâce aux multiples artistes africains qui se sont succédé sur la scène du théâtre de verdure Chekroune Hasni. Pour beaucoup de ces artistes (nationaux ou internationaux), ce festival devrait ouvrir la voie à l'organisation d'autres manifestations culturelles et permettre de rompre avec une disette qui pèse de plus en plus lourd sur la vie de la cité. «Avec un peu de volonté et beaucoup de sincérité, les autorités locales devraient pouvoir organiser un petit festival africain chaque été, suggère un observateur averti de la scène culturelle oranaise. Cela est d'autant plus réalisable que tous les artistes africains qui se sont produits en juillet ont exprimé leur désir de prendre part à plus de festivals sur le territoire africain. Avec le Festival international du film arabe et celui de la chanson oranaise, Oran deviendrait ainsi une place culturelle incontournable dans le Bassin méditerranéen.» Les autorités locales emprunteront-elles ce chemin, certes quelque peu ardu mais non irréalisable ? Nul ne le sait pour le moment même si tous les représentants de l'Etat qui ont assisté aux soirées du Panaf ont applaudi à l'idée suggérée par de nombreux artistes. Mais jusqu'ici, aucune information n'est venue conforter la thèse selon laquelle le projet d'une quelconque manifestation culturelle nouvelle serait en maturation sur le bureau de la direction de la culture. Laquelle direction, d'ailleurs, ne s'est pas encore défaite de cette absurde résolution de ne recevoir les journalistes, comme n'importe quel citoyen, que le mercredi matin, «jour de réception officielle», selon la formule usitée. Pour les acteurs timides et très désabusés de la vie culturelle oranaise, il y a très peu de chances que le Panaf parvienne à briser le carcan très algérien dans lequel la culture se morfond depuis de très longues années. «Nous ne savons même pas organiser un festival local et vous parlez de tenir une manifestation internationale ? Nous n'en sommes pas encore là. Il faudra d'abord apprendre à respecter les dates et les horaires…», raille ce journaliste culturel qui, ces dix dernières années, a couvert de nombreux événements culturels et, dit-il, assisté à tellement d'aberrations : «A mon avis, la culture algérienne ne sortira de l'ornière que lorsque les autorités algériennes parviendront à organiser et financer des manifestations culturelles pour la culture et non pas pour le prestige comme c'est cas aujourd'hui». Soit lorsque les artistes prendront les rênes de la culture.