Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Si jusqu'au jour d'aujourd'hui aucun établissement culturel n'a rendu public le programme de ses activités pour cet été, il est presque sûr qu'aucune espèce de surprise – comme un mégaconcert d'une mégastar internationale – n'a été concoctée et que, cette année encore, les Oranais devront se contenter de pièces de théâtre archi-usées, de projections à la Cinémathèque (unique salle de spectacles à fonctionner) et de quelques petits concerts ou galas musicaux de troupes locales ou nationales. Pas de quoi casser des briques, comme dirait l'autre, pour une ville pour laquelle on ne cesse de prédire un avenir méditerranéen à tous les niveaux mais qui, toujours prisonnière de ses tares et travers, n'a pas évolué d'un iota vers ce futur incertain. Elle aurait même tendance à reculer puisque l'un – et peut-être même le seul – des événements culturels phare qui la sortent quelque peu de sa torpeur, en l'occurrence le Festival international du film arabe, risque tout simplement de disparaître du déjà trop maigre agenda culturel de la wilaya. Après un départ tonitruant – et un peu trop clinquant – il y a cinq années sous la férule de Hamraoui Habib Chawki, le Fifao a graduellement perdu de son lustre naissant pour glisser vers la médiocrité et finir dans l'incertitude la plus totale. On ne sait simplement pas si la cinquième édition, prévue par le nouveau commissariat pour ce juin, aura finalement lieu. Après la délocalisation vers Sidi Bel Abbès du festival du raï qui, malgré toutes ses insuffisances, participait d'une certaine animation culturelle, Oran risque de perdre un festival du film avant même de l'avoir connu. La saison estivale de cette année – pour beaucoup, elle se résumera au seul mois de juillet – risque donc d'avoir un goût de déjà-vu et entendu et les sens ne seront probablement pas rafraîchis par une quelconque nouveauté, y compris pendant le mois de Ramdhan qui se profile. «Nous voyons ce qui se passe au Maroc : avec bien peu de choses, leurs responsables de la culture parviennent à organiser des manifestations de qualité et attirer de grands noms de la musique et du cinéma dans le monde. Cela montre bien que tout n'est pas question de capacités financières (ils ne disposent pourtant pas des ressources que nous avons en Algérie) et qu'il faut d'abord avoir une politique culturelle bien définie. Ce qui n'est pas notre cas», estiment, en substance, de nombreux acteurs de la scène culturelle oranaise lorsque la question sur l'indigence de la culture en Algérie leur est posée. Sauf nouveauté, très improbable, de dernière minute, les férus du quatrième art se contenteront, cette année encore, de pièces de théâtre auxquelles ils auront sans doute déjà assisté, les cinéphiles des seuls films que l'unique salle de projection d'Oran qu'ils persistent à fréquenter projettera et les amateurs de musique des soirées galas très rigides du Palais de la culture. Pour le reste, heureusement qu'il existe Internet… même à faible débit et les CD... même piratés.