Il faut mettre la main à la poche si on veut faire trempette et se dorer au soleil. Les plages n'appartiennent plus aux citoyens, il est fini le temps où l'on pouvait se baigner et profiter des bienfaits de la mer, le bien de tous, sans rien débourser. Serviettes et parasol sous le bras, les familles n'étaient soumises à une aucune contrainte, les jeunes ne se privaient pas des plaisirs de la plage. Maintenant, il faut réfléchir à deux fois pour s'offrir ce luxe, car c'en est devenu un pour la majorité des citoyens. On ne peut s'installer face à la grande bleue sans être accosté par des plagistes qui proposent leurs équipements (tables, chaises, parasols et tentes) à des tarifs qu'ils sont libres de déterminer, très souvent prohibitifs, proposition qu'on doit accepter si on ne veut pas être relégué dans un lointain recoin, sans vue sur la mer. Il n'est pas question de planter son parasol sur ce qu'ils considèrent comme leur territoire, du moment qu'ils ont le feu vert des élus locaux. Une autorisation en parfaite contradiction avec les déclarations des autorités compétentes (directions du tourisme et chefs de l'exécutif de chacune de ces wilaya) qui soutiennent chaque année, à l'approche de la saison estivale, qu'il n'est plus question d'octroyer des concessions et que celles-ci sont strictement interdites. Les APC continuent cependant à traiter avec des jeunes qui s'érigent en exploitants et pour lesquels la gestion des plages n'est rien d'autre que la location d'espaces et d'équipements, en s'appropriant les meilleures places à proximité du rivage. Le décalage entre ce qui se dit à chaque fois et ce qui se fait ne peut s'expliquer, il est même aberrant. On ne sait si les autorités concernées n'arrivent pas à faire appliquer la décision d'interdiction ou s'il existe une complicité au sein des pouvoirs publics qui fait que les municipalités s'accordent le droit de céder la «gestion» des plages à des individus, sans s'inquiéter outre mesure du mode de gestion de la concession par ces derniers et de la sécurité des familles. Tout ceci au détriment des citoyens pour lesquels les plages sont devenues des zones infranchissables.