La marine israélienne s'est adonnée hier à un véritable acte de piraterie contre le navire Dignité-Al Karama, dernier rescapé de la flottille internationale qui tentait de briser le blocus inhumain de la bande de Ghaza. L'expédition humanitaire qui a subi les pires entraves depuis près de trois semaines s'est encore une fois retrouvée face à l'attitude d'Etat voyou d'Israël. Le bateau a été abordé après avoir été encerclé des heures durant par plusieurs navires de guerre israéliens. L'embarcation transportait 16 personnes de différentes nationalités (canadienne, française, suédoise et grecque), ainsi qu'une équipe de la chaîne de télévision du Qatar, Al-Jazira, et la journaliste renommée, du quotidien israélien Haaretz, Amira Hass. Cette dernière vivant près de Ramallah est connue pour ses prises de positions en faveur des Palestiniens. A leur arrivée au port, les 16 passagers seront interrogés, avant d'être remis à un bureau de l'immigration. Le Hamas a «condamné l'acte de piraterie de l'occupant sur le navire Karama et exhorté la communauté internationale à choisir entre les droits de l'Homme et la loi de la jungle et la piraterie pratiquées par l'occupant». Les organisateurs de la flottille affirment également que le Dignité-Al Karama, seul rescapé de la flottille de la Liberté II, «a été arraisonné illégalement dans les eaux internationales de la Méditerranée, non loin de Ghaza», dénonçant une violation patente de la liberté de navigation en haute mer. «Une nouvelle fois, le gouvernement israélien répond par une démonstration de force disproportionnée, inacceptable, face à une initiative de solidarité citoyenne, explicitement non-violente», ont-ils déploré, exprimant «les plus vives inquiétudes quant au sort des passagers». «Le bateau était entourés par au moins trois navires israéliens et toutes les communications étaient brouillées, nous ne pouvions plus communiquer ni par téléphone ni par Internet», durant des heures ont déclaré les militants. Le Dignité-Al Karama, intercepté le 7 juillet par les garde-côtes grecs, a réussi à quitter dimanche l'île grecque de Kastellorizo. Officiellement le bateau a déclaré avoir pour destination le port égyptien d'Alexandrie, avant de changer de cap une fois parvenu en haute mer. Les neuf autres bateaux qui composaient la flottille, avec à leur bord 300 militants venus de 22 pays, sont toujours bloqués en Grèce depuis la fin juin. Athènes, sous pression israélienne, a imputé cette interdiction à un souci de «sécurité des militants». L'assaut meurtrier des commandos de la marine israélienne sur une précédente flottille pour Ghaza, qui avait provoqué la mort de neuf militants turcs le 31 mai 2010, est rappelé comme argument. Israël, qui occupe toujours les terres des Palestiniens, impose un blocus sur Ghaza en contradiction du droit international. Face aux critiques internationales déclenchées par l'agression sanglante de la première flottille, ce blocus a été officiellement allégé. Cependant un million et demi d'être humains vivent toujours dans cette prison à ciel ouvert.