Israël persiste et signe : l'embargo qu'il a décrété en juin 2007 pour sanctionner Gaza qui a voté Hamas ne sera pas levé. Même si le monde entier, y compris les Etats-Unis, le pressent de « soulager » 1,5 million de Palestiniens qui s'entassent malgré eux sur l'enclave de 362 km2. Six jours après l'assaut sauvage et criminel contre la « flottille de la paix » qui a provoqué un tollé international, plusieurs bateaux de la marine de guerre de l'Etat voyou piratent le « Rachel Corrie », un bateau irlandais qui avait à son bord 15 passagers dont Mairead Maguire, 66 ans, prix Nobel de la paix (1976), et Denis Halliday, un ancien adjoint du secrétaire général de l'ONU et 1.000 tonnes d'aide humanitaire, dont du matériel médical et des jouets qui ont été vérifiés et scellés trois fois (les syndicats en Irlande, un membre du Sénat irlandais et les douanes irlandaises dans le port de Dundalk). Après avoir pris, à l'abordage le navire qui tentait de forcer le blocus, ils l'ont forcé à se diriger vers Ashdod, un port israélien au sud de Tel-Aviv où, selon l'armée, sa cargaison sera déchargée pour être acheminée aux Palestiniens. La marine israélienne qui a pris le contrôle du bateau dans les eaux internationales comme elle l'a fait avec la « flottille de liberté » n'a pas usé cette fois de « violence ». « Nos forces sont montées à bord du bateau et en ont pris le contrôle sans rencontrer de résistance de la part de l'équipage et des passagers », affirme la porte-parole de Tsahal précisant que le « Rachel Corrie » a voulu atteindre Gaza malgré les avertissements répétés et que « les activistes à bord seront pris en charge par les services de l'immigration israélienne et renvoyés par avion vers leurs pays d'origine aussitôt que possible ». Ce discours triomphaliste amplifié par Benjamin Netanyahu qui s'est félicité de l'arraisonnement « sans victime » du cargo irlandais - « nous avons vu aujourd'hui la différence entre un bateau de pacifistes, avec lesquels nous sommes en désaccord mais dont nous respectons le droit à une opinion différente de la nôtre, et un navire de haine organisé par des extrémistes turcs adeptes du terrorisme », dit-il dans un communiqué - est battu en brèche par la campagne de solidarité Irlande-Palestine (IPSC). L'organisation irlandaise qui a affrété le « Rachel Corrie » parle de « détournement » du bateau et de « kidnapping » de ses passagers. « L'armée israélienne a saisi de force le cargo humanitaire irlandais (...). Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, les forces israéliennes ont pris d'assaut et détourné un bateau d'aide sans armes », écrit l'IPSC dans un communiqué de protestation. « C'est un nouvel acte impudent de piraterie israélienne en haute mer », estime Kevin Squires, coordonnateur national de la campagne de solidarité Irlande-Palestine. Selon les organisateurs de cette « tentative » de briser l'embargo que même les Américains jugent « intenable », des navires de guerre israéliens ont pris en chasse le « Rachel Corrie » pendant plusieurs heures, bloqué son radar et ses communications avant de l'arraisonner en prenant le soin de tout faire pour éviter une répétition du carnage de lundi matin.