Avant même le début du Ramadan, les consommateurs algériens sont avertis : le mois de jeûne sera lourd pour le porte-monnaie et il leur faudra beaucoup de patience et d'inventivité culinaire pour espérer en venir à bout. Depuis une dizaine de jours environs, les prix de plusieurs produits alimentaires ont enregistré une hausse significative que rien ne semble expliquer hormis les velléités spéculatives de commerçants prêts à tout pour gonfler leurs comptes en banque. Qu'il s'agisse de viandes, de légumes ou de fruits, de brusques augmentations de prix ont été enregistrées un peu partout sans que l'Etat ne parvienne à les empêcher malgré les mesures préventives annoncées.Pourtant, cette situation est devenue traditionnelle depuis une bonne dizaine d'années : dès que le Ramadan pointe du nez, ces spéculateurs - qui auront déjà pris leurs dispositions, en recourant notamment à la rétention des marchandises - n'ont plus qu'à imposer leurs produits aux prix qu'ils auront eux-mêmes fixés à des jeûneurs qui, on le sait, ont beaucoup de mal à maîtriser leurs appétences pendant le mois sacré. Un rituel funeste qu'aucune mesure prise par l'Etat (importation et stockage de produits alimentaires, approvisionnement du marché, multiplication des agents de contrôle…) n'est jusque-là parvenue à stopper et qui semble devoir se répéter durant longtemps encore. Et ce, en dépit des assurances du ministre du Commerce qui avait affirmé avoir, en coordination avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, pris «toutes les mesures afin d'approvisionner le marché de tous les produits nécessaires pendant le mois de Ramadan».Est-il malgré tout permis d'espérer ? Ce Ramadan sera-t-il différent des précédents, comme l'affirment les officiels ? Les mesures prises par Mustapha Benbada permettront-elles aux Algériens d'enfin vivre un mois de Ramadan tranquille, sans autres soucis que d'accomplir leurs devoirs religieux ? Des assurances sont données chaque année sans que le consommateur ne note le moindre changement en sa faveur, le doute demeure : les marchés sont toujours marqués par une grande anarchie, savamment entretenue par les spéculateurs, et les instances de contrôle et de protection du consommateur demeurent dramatiquement inefficaces, quand elles ne sont pas simplement absentes du terrain. A moins d'un retournement de situation aussi spectaculaire qu'hypothétique, les Algériens devront encore subir la loi des spéculateurs et sont encore appelés à vivre un Ramadan très rude pour les bourses. En dépit des augmentations de salaires. S. O. A.