De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Dans le hall laid du siège de l'APC de Tizi Ouzou, lundi aux environs de dix heures, une femme d'un certain âge s'évanouit. Entourée de gens après une crise de nerfs de près d'une demi-heure dénonçant les «responsables», une foule qui semble figée attendait devant les guichets. Dans l'après-midi, un jeune qui décriait, en compagnie de quelques autres personnes, la «lenteur» des agents de l'état civil est arrêté par un policier affecté à l'APC. Ainsi, les imperfections de désorganisation et d'incompétence des fonctionnaires des administrations se découvrent amplement dès l'annonce des départs en congé, alors que certains usagers ont grand besoin de documents administratifs, notamment les nouveaux bacheliers, les enfants scolarisés en général, et certaines catégories d'employés dans les zones sud du pays et les émigrés. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les guichets des APC sont pris d'assaut par des milliers de personnes qui font la queue durant des heures interminables, angoissées, suffoquant sous la chaleur, dans l'espoir de se faire délivrer un simple extrait de naissance ou un document de résidence. Généralement, les guichets dans les sièges des APC de la wilaya de Tizi Ouzou, où l'informatisation et la numérisation des services ne sont pas à l'ordre du jour des opérations d'amélioration des services, cassent le moral des usagers qui se plaignent toujours de la qualité des services communs à longueur d'année par des personnels souvent non qualifiés, sinon absents, très peu volontaires et soucieux de l'accueil des demandeurs. Une partie des présents est là soit pour rectifier un nom mal transcrit, une date de naissance, corriger des erreurs dans la traduction de l'arabe au français, des erreurs qui coûtent beaucoup de temps mais qui peuvent bien être évitées avec un peu plus d'attention de la part des préposés au guichet. Les administrations sont perçues comme un goulet d'étranglement par la population et ce, quand les personnels ne recourent pas au débrayage pour faire valoir leurs droits. Alors on prend son mal en patience ou bien on tombe dans la violence qui a tout l'air de s'installer durablement dans les mœurs quotidiennes de la population. Plusieurs vidéos de bousculades, de course dans le hall, de queues interminables, de disputes et bagarres, de violences verbales et physiques dans les locaux de nos APC sont visionnées par des milliers d'internautes à travers le monde. Cela, sans parler d'affaires de falsification de documents comme le livret de famille, la délivrance de faux extraits de naissance, de faux certificats de résidence pour les besoins d'une demande de logement, des certificats de vie pour des personnes décédées, etc. Pourtant, les premiers concernés par toute cette débandade qui n'en finit pas sont au courant et reconnaissent l'anarchie qui prévaut dans nos administrations. Une journée d'étude sur l'état civil a été organisée récemment à Tizi Ouzou et a mis en exergue le trafic dans les pièces administratives de l'état civil, la disparition de pièces d'archives, d'actes et de registres. «Avec la manière dont il fonctionne actuellement, l'état civil, dans une grande partie des communes de la wilaya de Tizi Ouzou en particulier, et sur le territoire national, en général, est loin d'honorer l'Etat algérien qui a pourtant consacré des moyens importants pour la modernisation de cette partie de l'administration», avaient souligné les participants dont certains avaient dénoncé le fait de mettre l'état civil entre les mains de jeunes recrutés dans le cadre de l'emploi de jeunes, les insuffisances dans l'organisation, le fonctionnement, l'accueil, la sécurisation des documents, la tenue des registres et des prestations fournies au public. 5 000 rectifications dans les registres ont été recensées pour la seule année 2007.Quand procédera-t-on à l'exécution des promesses d'informatisation et de numérisation de l'état civil dans la wilaya de Tizi Ouzou pour soulager les usagers et sauver de la perte les archives ?