La santé financière du pays se confirme. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, l'a clairement affirmé, hier, lors de la présentation des tendances monétaires et financières au premier semestre 2008 devant les P-DG des banques et établissements financiers. «Le premier semestre de l'année 2008 a enregistré des performances très remarquables avec un excédent du compte courant de la balance des paiements estimé à 22,21 milliards de dollars», a affirmé, en effet, M. Laksaci. Ce dernier, profitant de cette occasion, a aussi fait savoir que notre pays peut faire face, dans une grande mesure, aux turbulences actuelles sur les marchés financiers internationaux. Ceci grâce, selon ses dires, à la diversification des devises de placement telle que menée par la Banque d'Algérie et la poursuite d'une gestion prudente des réserves de change. Et dans le même registre, il a également fait savoir que «la Banque d'Algérie a augmenté davantage les placements dans les actifs non risqués». Par ailleurs, le premier responsable de la Banque d'Algérie a rappelé que les exportations des hydrocarbures du premier semestre 2008 sont évaluées à 41,71 milliards de dollars contre 26,94 milliards au premier semestre 2007 et 59,61 milliards pour toute l'année en 2007. M. Laksaci explique cette augmentation par «l'effet prix». «Le prix moyen du pétrole est de 111,5 dollars/baril au premier semestre 2008, après un passage de 74,95 dollars pour 2007 à 99,09 dollars au premier trimestre 2008 et à 124 dollars pour le second trimestre 2008», a-t-il dit à ce propos. Concernant les réserves officielles de change, Laksaci a rappelé que le montant a atteint un peu plus de 133 milliards de dollars à fin juin 2008 (contre 110,18 milliards à fin 2007). En l'intervalle de six mois, le matelas de devises de l'Algérie a donc augmenté de plus de 23 milliards de dollars. Ce niveau des réserves de change représente près de 5 années d'importations de biens et services de l'Algérie selon le rythme actuel du volume de ses importations. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a rappelé que l'accroissement soutenu du niveau des réserves de change s'est conjugué avec une diversification des devises en placement, depuis 2004, pour mieux gérer le risque de change entre les principales devises. Néanmoins, la question de l'inflation reste un sujet d'actualité pour M. Laksaci qui estime que «les économies émergentes et les économies en développement sont particulièrement affectées par le regain de l'inflation». Pour ce qui concerne notre pays, Laksaci a précisé que la Banque d'Algérie a été dotée d'une instrumentation monétaire lui permettant de continuer à faire face à ce phénomène structurel», ajoutant que, si «la conduite ordonnée de la politique monétaire au cours de l'année 2007 a permis de mener à bien la stratégie de l'objectif d'inflation, avec un taux de 3,5%, la montée de l'inflation en 2008 risque de constituer un “choc” pour la stabilité des prix à moyen terme vu la résurgence de l'inflation au niveau mondial». S'agissant du financement de l'économie nationale par les banques, M. Laksaci a estimé qu'«il est attendu que les banques poursuivent d'une manière plus résolue la nécessaire amélioration de l'évaluation, la gestion et la maîtrise des risques de crédits, vu l'acuité de la question au niveau international». Il appuiera en estimant que ceci est «un ancrage nécessaire pour une contribution effective des banques à l'amélioration de l'allocation des ressources financières dans l'économie nationale. Pour ce faire, un renforcement des fonds propres est requis». Il a mis en exergue, par ailleurs, l'évolution des crédits à l'économie. Leur part est passée de 49,58% à fin décembre 2006 à 51,26% à fin décembre 2007 pour se situer à 50,90% à fin juin 2008, a-t-il avancé. Dans la foulée, il a souligné également que, «compte tenu de la disponibilité de fonds prêtables accrus et des besoins d'investissements productifs, il est attendu que les crédits sains à l'économie augmentent en 2008 et que les banques financent davantage les investissements, d'autant plus que le stock d'épargnes financières est bien accru sur les huit dernière années». Le premier responsable de la Banque d'Algérie, qui a eu une rencontre à huis clos avec les P-DG des banques, a communiqué d'autres chiffres concernant la situation monétaire du pays, notamment le taux de liquidités qui a enregistré une progression de 29,81% au premier semestre 2008, l'inflation annuelle moyenne qui a atteint 4,8%, taux de croissance des crédits à l'économie nationale évalué à 15,3%. La politique de taux de change «sert l'économie nationale» La question du taux de change a été également soulevée par le gouverneur de la Banque d'Algérie. Lequel a rappelé que cette politique «est bien en phase avec la stabilité externe, elle-même ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l'Algérie». «Cette politique de taux de change conduite par l'Algérie de manière flexible sert l'économie nationale, a encore précisé M. Laksaci. «La Banque d'Algérie a poursuivi au premier semestre 2008 la stabilisation du taux de change du dinar dans un contexte international caractérisé par la volatilité sur les marchés financiers, monétaires et des changes et par la résurgence de l'inflation au niveau mondial», a indiqué M. Laksaci. Plus explicite, il dira que «l'appréciation du dinar par rapport au dollar américain, notamment au second trimestre 2008, conjuguée à un effet de balance en matière de d'évolution du cours dinar/euro, dépréciation au premier trimestre 2008, ont conduit à une consolidation à court terme de change effectif réel du dinar». Concrètement, la Banque d'Algérie intervient sur le marché interbancaire des changes «pour veiller à ce que le mouvement du taux de change nominal n'affecte pas l'équilibre de long terme du taux de change effectif réel du dinar», a-t-il explicité. Pour lui, «cela offre en réalité une visibilité à long terme en matière de décisions stratégiques d'investissement et permet également aux opérateurs économiques d'asseoir durablement leur compétitivité externe». S. B.