Des groupes musicaux ambulants, véritables «troubadours» du 21ème siècle, reviennent en force en cette saison estivale pour semer la joie parmi la population des quartiers, places publiques et les plages d'Oran, dans une ambiance festive bien particulière. Etrennant leurs costumes bigarrés et jouant de la musique en contrepartie d'une «poignée» de dinars que leur offrent généreusement les passants et autres automobilistes, ces groupes amateurs, peu soucieux de la canicule, déambulent d'un pas léger à travers les quartiers populaires et les places d'El Bahia exécutant des morceaux de musique du folklore algérien où le bendir donne la réplique à la Guesba (flûte). Comme à l'accoutumée, à chaque saison estivale, ces groupes donnent rendez-vous, dans les plages du littoral oranais, aux estivants qui, charmés par tant de générosité, s'associent à la «fête» qui d'entre eux fredonnent les refrains en acclamant les groupes, qui d'autres se délectent à écouter certains morceaux musicaux exécutés avec art. Les places publiques dans certaines localités avoisinantes comme Ain El Beida, dans la commune d'Es Senia, distante de 7 km du centre-ville d'Oran, se transforment en véritables scènes ou des groupes offrent des noubas de bendir offrant au public, notamment les jeunes complètement sous le charme, un vrai show. La célébration des fêtes nuptiales et de circoncision, très fréquentes en été, fait également l'affaire des troubadours, qui se voient en la circonstance récompenser par de l'argent, des cadeaux et/ou des repas copieux. Cette expression artistique, que certains croient récente, trouve son prolongement dans un passé-récent où des groupes sillonnaient les rues accompagnés d'un taureau en prélude à la «waada de Sidi El Hasni». A l'approche du «Maoussem Sidi El Hasni», ils passaient, dans les quartiers populaires et les agglomérations dont El Hamri, Mediouni, El Othmania, pour collecter les offrandes aux sons de leurs tambours et karkabou (une sorte de castagnettes). Ils sont connus communément à Oran sous l'appellation de «Karkabou» très attachés à la musique gnaouie. Ils passaient pour annoncer l'approche de cette waada qui accueille des milliers de personnes de toutes les régions, scandant «Allah ya moulana», des louanges à Dieu. Si ces groupes préfèrent déambuler à travers les rues et les marchés populaires, un musicien n'a pas trouvé mieux que de s'installer sous les arcades de la rue «Larbi Ben M'hidi» au centre-ville d'Oran, mandoline en main, pour gratifier les passants d'airs de musique puisés du patrimoine populaire national et du Maghreb. L'interprétation par ce musicien, maniant avec délicatesse ce genre d'instrument à cordes, de morceaux ayant fait la gloire de la musique algérienne, plonge l'auditoire dans une atmosphère bien particulière, dans la nostalgie de sa jeunesse, bercé par la chaude voix de Hadj Mohamed El Anka et le répertoire du musicien Mohamed Rouane. Ce jeune musicien amateur, défiant avec ces airs et cadences musicales le brouhaha du centre-ville jusqu'au coucher du soleil, a choisi de gagner sa vie en semant la joie à tout vent, à la grande joie des passants. APS