L'assassinat du général Abdel Fatah Younès, chef d'état-major des insurgés et dissident notoire du régime Kadhafi, vient mettre la lumière sur les divisions notamment dans le camp du CNT. L'officier connu pour avoir été proche du Guide a été tué par un groupe d'hommes armés après avoir été rappelé du front pour «un interrogatoire sur des questions militaires» à Benghazi. Les circonstances obscures de l'assassinat du général Younès qui a fait sédition viennent compliquer un conflit décidément dans l'impasse. Entourée de mystère, sa mort représente un coup dur, politique et militaire, pour les insurgés. Le personnage était considéré comme un élément important dans l'après Kadhafi. Deux colonels l'accompagnant ont été également tués. Le chef du groupe armé responsable de l'assassinat aurait été arrêté mais les trois corps auraient été emportés par les assaillants. Le CNT a annoncé trois jours de deuil et rejeté insidieusement la mort du général sur les services de Kadhafi. La liquidation physique d'Abdel Fatah Younès suscite des craintes de divisions au sein même des insurgés. Au moment où sur le plan diplomatique elle engrange des gains comme la nouvelle reconnaissance du Royaume-Uni, ou sur le front militaire, avec des avancées à Brega, la mort de Younès suscite l'interrogation. Les rumeurs vont bon train, certaines affirmant que le général a été tué pour cause de soupçons sur des activités occultes. Les risques de dissensions internes ou de règlements de comptes de la part de soldats ayant suivi le général Younès ou de membres de sa tribu sont désormais à l'ordre du jour. Tous les scénarios possibles de l'assassinat de Younès augurent d'une évolution inquiétante du conflit libyen. Des éléments de la tribu Al-Obeidi, dont était issu le général Younès, se sont présentés jeudi à la conférence de presse du chef du CNT, Abdeljalil, où il annonçait la mort du général, en tirant en l'air. Les hommes étaient entrés avec leurs armes dans l'hôtel, lieu de la conférence en criant : «Vous avez tué Younès !» à l'adresse du CNT. Le général Abdel Fatah Younès était présenté, avant son ralliement au CNT comme le numéro deux du régime du colonel Kadhafi, occupant notamment le poste sensible de ministre de l'Intérieur. Il avait fait partie des officiers qui avaient porté le colonel Kadhafi à la tête du pays en 1969. Il s'était rallié aux insurgés au début de la contestation de Benghazi le 15 février, tout comme Moustapha Abdeljalil, alors ministre de la Justice. Le conflit libyen se trouve dans l'impasse tant sur le plan politique que militaire. La Norvège vient de décider de mettre fin à sa participation aux opérations militaires étrangères en cours. L'aviation norvégienne effectuera sa dernière mission de combat aujourd'hui en Libye, deux jours avant la fin officielle de sa participation à l'opération aérienne dirigée par l'Otan. La Norvège avait initialement déployé six chasseurs F-16 avant de réduire son engagement à quatre chasseurs en juin. M. B.