L'espoir nourri par les familles des otages algériens, détenus depuis plus de sept mois au large des côtes somaliennes, de voir les leurs rentrer au bercail avant le mois de carême fond comme neige au soleil. En effet, le mois de Ramadhan est à nos portes et rien n'indique que les dix-sept marins retenus en otage par des pirates somaliens vont être libérés. Selon Fawzi Aït Ramdane, fils de l'un des marins, l'affréteur jordanien du vraquier MV Blida, fuit ses responsabilités. «La société jordanienne (qui a affrété le vraquier battant pavillon algérien, Ndlr) nous a tourné le dos ; ces derniers temps, nous avons tenté de les joindre à plusieurs reprises par téléphone, les responsables de la société ne décrochent pas. Ils ne répondent pas non plus à nos messages. La preuve qu'ils fuient leurs responsabilités», s'emporte M. Aït Ramdane. Il ajoute que, depuis le mois d'avril, l'affréteur jordanien, la société Lead Arrow, n'a pas cessé d'assurer aux familles que les négociations avec les ravisseurs étaient en bonne voie, leur promettant un dénouement heureux avant le mois de Ramadhan, en vain. M. Ait Ramdane a salué la disponibilité de l'ambassadeur jordanien à Alger qui les a reçus, lundi, en personne à l'ambassade. «Il (l'ambassadeur, ndlr) nous a reçus en personne, après que nous eumes tenu un rassemblement devant ses bureaux. Je vous jure, j'ai eu très honte. Les familles ont été marquées par le geste de l'ambassadeur, par sa disponibilité. Cela se passe au moment où les portes du ministère des Affaires étrangères nous sont fermées. Mercredi, alors que nous tenions un sit-in devant le ministère, nous avons demandé après le SG, à défaut du ministre, ce qui est pourtant notre droit, nous avons été reçus par le directeur général du service consulaire, M. Amghar». Quelle ne fut la surprise des familles de se voir signifier par le responsable qu'il n'était pas en mesure de leur venir en aide. Il les a simplement orientées vers le DG de l'International Bulk Carriers (IBC), filiale CNAN, Nacer Mansouri. Or, ce dernier, ainsi que le personnel de la société, est en congé, précise Aït Ramdane. Mercredi, sous un soleil de plomb, le collectif des familles a tenu un rassemblement à la place du 1er Mai, à Alger. «Du matin jusqu'à 15h de l'après-midi, aucun responsable n'est venu nous voir. Seuls les citoyens présents sur les lieux sont venus vers nous et nous ont témoigné leur sympathie». Une déception tout de même : la majorité des Algériens ignorent tout de cette affaire, regrette M. Aït Ramdane. De son côté, le gouvernement algérien, par la voix du ministère des Affaires étrangères, s'est déclaré jeudi «pleinement mobilisé» pour la libération des otages algériens détenus depuis près de sept mois par des pirates en Somalie. Les autorités, qui disent suivre de «très près» et «avec une attention soutenue» la situation, poursuivent leurs efforts pour obtenir la libération des ressortissants algériens otages de pirates, a affirmé le porte-parole du ministère. L'Algérie étant le premier pays à avoir demandé, devant l'Assemblée générale des Nations unies, la criminalisation du paiement de rançons dans les actes de prise d'otages, compte rester fidèle à son principe, estimant que le paiement de rançons signifie clairement l'encouragement des criminels et le financement du terrorisme. C'est pour ces raisons, précisément, que le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, avait appelé l'Afrique et la communauté internationale à se mobiliser pour mettre fin au terrorisme et à la piraterie qui déstabilisent la Somalie. Y. D.