Près de deux semaines après une rentrée scolaire cahoteuse, les choses ne semblent pas près de rentrer dans l'ordre. La surcharge des classes a atteint cette année une proportion jamais égalée. Au grand dam des enseignants qui voient leurs efforts se dissiper devant tant d'inconstance de la part de la tutelle. Mais le plus grand perdant, ce sera indiscutablement l'élève, la qualité de l'enseignement ne pouvant qu'être mauvaise dans de telles conditions. Il n'est possible pour un enseignant ni de faire preuve d'attention face à un nombre aussi élevé de potaches ni de discipliner ces derniers, encore moins de stimuler l'émulation parmi eux. Le surnombre au sein des collèges était pourtant prévisible du fait de la convergence des élèves de 5ème et de 6ème année du cycle primaire vers le cycle moyen à la lumière de la réforme. Il est difficile de s'expliquer un tel retard dans la prise en charge d'une «fournée» aussi importante alors qu'on s'y attendait. Le résultat est que des élèves s'entassent à plus de 40 par classe et que certains n'ont pu rejoindre leur établissement à temps faute de places pédagogiques. La joie de retrouver les bancs a laissé la place à l'angoisse de voir leur année scolaire compromise par le retard. L'anarchie qui a marqué cette rentrée et qui va certainement influer sur toute l'année n'a pas touché que le cycle moyen, elle a aussi concerné les tout petits qui n'ont pas tous eu la même chance. Celle de rejoindre les classes du préscolaire alors que cette étape est devenue obligatoire. Beaucoup de parents retardataires ont été confrontés au refus des directeurs d'école attestant de l'insuffisance de places. Certains ont dû recourir à des «connaissances» par-ci par-là et jouer du fameux piston pour faire bénéficier leurs enfants de l'éducation préscolaire. Le comble, c'est que ce coup de pouce donné par un ami ou par un proche a donné le résultat escompté, les responsables des établissements scolaires étant connus pour leur propension à garder quelques places pour «rendre service» à leurs amis et aux amis de ces derniers. R. M.