En effet, si la semoule dans toutes ses variantes est présente en profusion, le lait pasteurisé en sachet (LPS), par contre, se fait rare dans de nombreux quartiers.Mais dès lors que les minoteries et les centrales laitières ont pris réception de leur quota de matière première (blé dur et poudre de lait) dans les délais pour leur éviter toute baisse de production en cette période de forte demande, on peut se demander pourquoi l'un n'est pas assez fourni au contraire de l'autre.Pour le cas de la semoule, les minotiers peuvent constituer des stocks et, du coup, répondre à l'augmentation de la demande pendant le mois de Ramadhan, ce qui n'est pas le cas pour les centrales laitières où la production doit être livrable au plus vite et à des températures basses pour éviter sa perte. En outre, on peut admettre que les patrons de laiteries préfèrent ne pas augmenter leur cadence de production et cela, même lorsque leur client détaillant leur demande un surplus de quantité car étant convaincu que plus ils produisent plus il faudra accélérer le rythme de livraison. Une condition qu'ils ne sont pour la plupart pas en mesure de satisfaire car ne disposant pas d'un parc roulant conséquent. «Ils sont aussi confrontés au manque de partenaires livreurs, ce qui rend l'option de revoir à la hausse leur production très hasardeuse pour ne pas dire à risque de perte élevé», nous a expliqué Benchakor, président du Conseil interprofessionnel du lait (CIL), que nous avons pu joindre par téléphone. «Et quand bien même les capacités de production de nombreuses laiteries peuvent être doublées, il faudra aussi qu'en parallèle leurs capacités de livraison soit plus importante. Et c'est là où réside la problématique», ajoutera-t-il.En somme, pour ce dernier la solution viendrait à ce que le segment «livraison» soit plus étoffé, «sans quoi l'effort de production ne peut se traduire positivement sur le terrain», a encore indiqué le président du CIL. Des patrons de laiteries nous ont aussi affirmé qu'«hier, nous nous plaignions de l'irrégularité des délais de perception de quotas de poudre de lait, aujourd'hui que les choses se sont nettement améliorées en délai et en quantité de matière première, et que pour notre part nous nous sommes attelés à rendre régulière notre production, voilà qu'on nous rend responsables du manque de LPS sur les étals et quelquefois de sa disparition sporadique». Pour ces derniers, tout le problème réside dans le fait que certains livreurs n'en font qu'à leur tête. Pour preuve, «ils desservent en plus grande quantité un point de vente au détriment d'autres. Un procédé qui n'est pas sans créer des niches de crises, parfois au sein d'un même quartier, en ce sens qu'il pénalise des consommateurs par rapport à d'autres de même zone urbaine. En clair, le détaillant va faire profiter ses clients du coin alors que d'autres éloignés devront jouer des coudes pour s'arracher deux sachets de lait. C'est pourquoi cette forme de clientélisme engendre des tensions sur le produit dans certains points de la capitale alors que d'autres ne sont nullement touchés. Combien de fois n'a-t-on pas assisté ces derniers jours à des scènes de bousculades devant les points de vente au détail à l'arrivée du camion livreur ? Au vu de la longue file d'attente et des gens qui se bousculent, des détaillants préfèrent parfois ne pas se faire livrer, laissant le camionneur faire face aux clients. Sous la pression, le livreur devient vendeur. Et il n'a souvent pas trop le choix. Car, quand certains ont essayé de se cantonner dans leur fonction de livreur et, refusant de vendre directement le lait aux consommateurs, tenté de quitter le point de livraison sans décharger les bacs, ils se sont vu barrer la route par les citoyens. De telles scènes se sont multipliées ces derniers jours, mais qui pourraient être évitées si la répartition était équitable, à heure régulière et en quantité suffisante. Conditions à même de rendre accessible le LPS en tous points de la capitale. Z. A.