C'est avec un nouveau look et entièrement réaménagé en théâtre de poche que l'ex-librairie Socrate abritant la 3e édition des rencontres des Mille et une news organisées par le quotidien Algérie News a rouvert ses portes lundi dernier, invitant ainsi ses fidèles à découvrir cet espace dédié à la culture. C'est en présence d'une palette d'hommes de théâtre et de médias que la soirée inaugurale a été entamée avec la présentation d'un spectacle de chorégraphie de Slimane Habess avec l'artiste Khadidja Guemili.Vêtue d'une longue robe noire, la danseuse a su jouer de son corps tout en déclamant son texte qui évoque l'amour, l'attente et la tristesse. Installé sur des gradins rétractables, l'assistance a pu admirer la petite scène avec son ambiance intimiste. Jouant la carte de la diversité, la soirée d'ouverture a également été une occasion pour les organisateurs de rendre hommage à l'une des figures emblématiques de la musique andalouse, à savoir le musicien Nourredine Saoudi. A cet effet, un mini-documentaire retraçant le parcours de l'artiste a été projeté à la cinquantaine de spectateurs présents dans la salle et ce, malgré l'exiguïté de l'espace.Réalisé par Mlle Manel Belella, le documentaire est une sorte de portrait présentant des photographies ainsi que des extraits de concerts de Nourrdeine Saoudi. Et comme on réserve le meilleur toujours pour la fin, les organisateurs ont gratifié leur public avec des extraits de leur pièce Habil oua Habil produite en 1997. La pièce écrite par le dramaturge Hmida Ayachi et mise en scène par Azzedine Abbar est interprétée par les deux remarquables comédiens Nidhal Mellouh et Abdelkader Merahi. Habil ou Habil est une œuvre qui s'inscrit dans le courant du théâtre de la cruauté qui traduit la souffrance d'exister, mais exister où ? Car en fait, le public a eu du mal à se situer dans le temps et l'espace pour découvrir à la fin qu'il s'agissait du «Barzekh». Le premier s'est évadé de prison, après avoir été condamné pour le meurtre de la veuve de son employeur, un homme puissant, qui a succombé au charme de son chauffeur. Pris de panique, il l'assassinera. Persuadé d'être maudit et que le chiffre sept et le samedi lui portent malheur, le personnage craindra l'arrivée du jour funeste et évitera le chiffre fatal. D'ailleurs, c'est par un samedi qu'il s'enfuira de prison pour se retrouver coincé dans un trou sans issue avec pour seule compagnie un autre homme mystérieux. En fait, l'autre aussi est maudit, et quand les chemins de deux hommes maudits se croisent, la rencontre ne peut qu'être époustouflante. Chacun raconte son malheur et fait vibrer les planches par une interprétation magistrale. Le son du gumbri qui accompagne la pièce lui attribue une dimension surréaliste et spirituelle. Le fugitif est pris par une sorte de transe et relate son crime et comme dans En attendant Godot de Samuel Beckett, il enlève sa chaussure. Le second personnage a une feuille entre les mains, il s'agit du texte de la pièce, il tente de persuader le premier que cette histoire a été écrite par un auteur et que s'il voulait des explications, il n'avait qu'à s'adresser à lui pour qu'il lui explique la raison de ses malheurs. Le fugitif le traite de sénile mais ne tardera par à accepter cette situation délirante.Véritable réflexion sur la vie, la complexité de l'homme et son rapport à l'autre, à la mort, l'inconnue mais surtout à lui-même, Habil ou Habil donne l'impression d'être le commencement de l'œuvre magistrale Noun signée également par Hmida Ayachi et lauréate du grand prix du Festival national du théâtre professionnel en 2008. Faute de temps, les organisateurs se sont contentés de présenter quelques extraits seulement de ce spectacle, ce qui a frustré plus d'un dans la salle et nombreux étaient les spectateurs qui sont restés sur leur faim. W. S.