Réaction quelque peu surprenante de la Réserve fédérale américaine (la banque centrale américaine) : elle «pense garder des taux d'intérêt proches de zéro pendant deux années de plus». Elle a, en effet, fait savoir qu'elle prévoyait de conserver des taux d'intérêt extrêmement bas pendant deux années supplémentaires, au moins jusqu'à la fin du premier semestre 2013, une mesure sans précédent, aux dires de spécialistes. L'attitude de la Fed a, un peu, apaisé les marchés financiers mondiaux, puisqu'ils sont repartis à la hausse, hier, après la panique qui s'est emparé mardi des places boursières. Dans la matinée d'hier, Paris, Londres et Berlin étaient orientées à la hausse. Plus tôt, les places asiatiques avaient clôturé hier en hausse, l'indice Nikkei terminant en hausse de 1,1% à Tokyo, tandis que le Hang Seng de Hong Kong gagnait 2,3%. Mardi, la Bourse de New York avait encore baissé après l'annonce de la Fed, avant de remonter en flèche à moins d'une heure de la clôture. L'indice Dow Jones a finalement terminé sa folle journée sur un gain de 429,92 points, soit 4% à 11 239,77 points, effaçant une partie de ses pertes de la veille. Lundi, pour la première séance après la dégradation de la note de la dette souveraine américaine par l'agence Standard & Poor's, Wall Street avait perdu 634,76 points. La Fed semble avoir ainsi mesuré l'ampleur des dégâts de la crise. Normal, il fallait faire quelque chose pour atténuer les effets produits par l'abaissement de la note de la dette américaine. La décision de la Fed est concertée. Le président des Etats-Unis, qui n'a pas apprécié cette note, et c'est normal, a dans une brève déclaration, lundi, souligné que nous savons ce que nous devrons faire pour surmonter la crise, et que nous n'attendons pas que les autres nous disent ce qu'il faudra faire. Ce n'est pas la première fois que la banque centrale américaine intervient pour «réguler», à sa manière, les marchés financiers. Elle le fait généralement de concert avec les banques centrales européennes et asiatiques. La Fed n'a-t-elle pas décidé de taux proches de zéro en réponse à la crise financière de l'automne 2008 ? Depuis, elle avait seulement indiqué que ces taux resteraient bas pendant une «période prolongée». Mardi, elle fait savoir qu'ils seraient maintenus à ce niveau «au moins jusqu'à la moitié de l'année 2013», compte tenu de la situation de l'économie américaine toujours convalescente. Il fallait bien évidemment trouver un argument qui tienne la route. La FED a reconnu que «jusqu'à présent cette année, la croissance économique a été considérablement plus lente» qu'elle ne l'avait prévu. Elle a dit s'attendre à une reprise plus lente qu'attendu au cours des prochains trimestres tandis que le taux de chômage «ne déclinera que graduellement». La banque centrale a aussi laissé la porte ouverte à une troisième série d'acquisitions de bons. Reste à savoir si les banques centrales européennes notamment vont réagir à la décision envisagée par la Fed. Pour l'instant, la concertation se poursuit au niveau du G7 Y. S.