Après l'abaissement de la note souveraine des Etats Unis par l'agence de notation Standard and Poors, des inquiétudes au sujet des placements algériens, sous forme de bons du Trésor américain se sont fait jour. Toutefois, les spécialistes, dont des experts algériens du pays et de la diaspora, estiment que la sécurité du placement, premier critère du choix algérien, n'est pas remise en cause par la perte de la note triple A de la dette publique américaine.Ces mêmes spécialistes soulignent que la forte tension nerveuse des marchés boursiers et la dégradation de la note AAA par Standard and Poors qui n'est pas l'agence de notation la plus importante, ne devraient pas entrainer un changement radical de l'attitude de l'Algérie à l'égard des T-Bonds, les bons du Trésor américain. L'économiste Abderrahmène Mebtoul rappelle que ces bons ne risquent rien car ils sont garantis par les Etats et déposés dans les banques centrales. Ces bons sont considérés comme les plus sûrs au monde, souligne pour sa part l'analyste boursier pour la banque suédoise Carnegie, l'Algérien Noureddine Leghliel. Pour lui, l'Algérie n'a pas à s'inquiéter pour ses réserves, d'autant que la FED, la Reserve fédérale américaine peut intervenir en rachetant ses T-Bonds pour maintenir leur valeur et les taux d'intérêt, ce qui lui permettrait, le cas échéant, de récupérer son argent. Et, au cas où la volatilité des valeurs perdurait sur des marchés erratiques, le FED interviendrait avec un desserrement monétaire et en baissant le taux d'intérêt grâce au rachat de ces mêmes bons, selon le même spécialiste. En d'autres termes, les T-Bonds ne sont pas menacés à court ou à moyen terme. Ils restent liquides, très attractifs et convoités. D'ailleurs, après la décote de la note de la dette souveraine des Etats Unis, ces bons se sont bien vendus et continuent de l'être. Mardi, la première émission de la dette classée AA+ de l'histoire des Etats Unis, soit 32 milliards de dollars d'obligations à trois ans, a connu une forte demande qui reste vigoureuse avec des prix record, selon le Trésor américain. La demande a atteint un peu plus de 105 milliards de dollars, soit 3,3 fois l'offre. Preuve que la fébrilité des marchés, qui ont surréagi à l'annonce de la dépréciation de la note américaine, est d'ordre psychologique. Ce ratio a été conforme aux dernières adjudications de bons à trois ans, avant le déclassement de la note souveraine américaine vendredi dernier.Pour un autre spécialiste algérien, Liés Kerrar d'Humilis Finance, les titres du Trésor américain ont regagné les faveurs des investisseurs car aucune valeur ne s'est imposée comme titre de référence pour remplacer les obligations américaines. Et la réalité est têtue : 60 % des réserves mondiales de change sont encore en dollar américain. A l'instar de la Chine et du Japon, les deux plus grands détenteurs de T-Bonds, les autres possesseurs devraient les conserver. Selon les spécialistes algériens cités, l'Algérie a tout intérêt à les garder car elle risquerait la dépréciation de ses placements si elle décidait de les revendre avant leur arrivée à terme.Le chiffre exact des placements algériens à l'étranger n'est pas connu à ce jour, les chiffres publiés récemment dans la presse algérienne semblant exagérés, voire carrément fantaisistes, selon les spécialistes. Dans une large fourchette, ils oscillent entre 44 et 155 milliards de dollars. Ils sont libellés en dollars et en euros, 40 % l'étant en monnaie unique européenne, selon la Banque d'Algérie. N. K.