Si le vœu de tout parti est de prendre le pouvoir, les formations algériennes ont-elles les militants à même de mettre en œuvre leur programme, leur vision de la société ? Depuis son apparition lors du mouvement national, depuis le PPA/MTLD à aujourd'hui, le militantisme politique en Algérie n'est plus le même. De désintéressé qu'il était, le militantisme en Algérie au sein des partis algériens qui est passé par plusieurs étapes, notamment la révolution pour l'indépendance du pays, n'incarne plus les mêmes valeurs. Que la politique est au centre d'activités «louches» où se mêlent affairisme et trafic d'influence. De plus, tout le monde aura remarqué – et ce n'est pas le propre d'un seul parti – que les vrais militants de certains partis ont déserté le terrain de l'activisme politique, de la lutte pour les idées au profit d'un autre genre de pseudo-militants, attirés par les privilèges qu'offrent les postes de responsabilité, de la magistrature de la commune à la députation. En témoignent les scènes vécues durant chaque approche d'échéances électorales, où il est aisé de remarquer que cette conjoncture particulière s'accompagne souvent aussi d'un nomadisme politique, lequel par effet de «transvasement» verra des cohortes de «militants» se retrouver dans un autre parti qui accepte de les accueillir au mépris de l'éthique. Le phénomène est tel qu'une sorte de dichotomie s'est formée entre «vrais» ou «authentiques» militants et des transfuges. Ces derniers qui changent de veste au gré du vent font plusieurs navettes entre le FLN et le RND, qui incarnent le pouvoir aux yeux de ces militants. A telle enseigne que le mouvement de redressement qu'a connu le FLN en 2004 a vu nombre de nouveaux militants rejoindre le parti, créant ainsi une situation inédite, où il est devenu impossible de distinguer le bon grain de l'ivraie. Entre redresseurs et authentiques, une guerre sourde et acharnée s'est déclenchée pour qui atteindra le congrès, lequel se veut une consécration de la carrière partisane de tout militant. N'était le retour aux critères définis par les statuts qui imposent un nombre d'années de militantisme, les choses auraient pris une autre tournure. Mais ce n'était pas encore fini, puisque les mêmes contradictions sont apparues, sous une autre forme, à l'occasion des différentes échéances électorales surtout. A cette occasion, les «maquignons» et porteurs d'argent sale investissent en force la politique et dépensent sans compter pour l'achat de places de têtes de liste. Ce que certains responsables de partis n'ont jamais nié. Des candidats élus sur les listes de certains partis, avec lesquels ils n'ont pas de lien organique. Résultat : une double rupture s'opère une fois atteint leur objectif, avec les partis et électeurs, auxquels ils ne doivent rien, parce qu'ils considèrent avoir monnayé leur élection. Certaines formations politiques, si elles n'enregistrent pas une saignée de leurs rangs au profit des grands partis, n'arrivent souvent pas à faire respecter la consigne de vote à l'Assemblée nationale, à leurs députés qui votent même à l'encontre des intérêts du parti qu'ils sont censés représenter. Ce qui a fait dire à un leader de parti qu'il ne dispose pas de «militants» au sens propre du terme, en révélant qu'il s'emploiera à l'avenir à former des militants aux idéaux du parti. Que reste-t-il alors encore des militants classiques ? A. R.