De notre correspondant à Oran Mohamed Ouenezar En ce mois caniculaire du Ramadhan, l'ambiance est insoutenable pour les habitants d'Oran. La fraîcheur des maisons et des bureaux reste la seule issue possible. D'autres préfèrent les plages malgré les recommandations des siens et des voisins. Mais la vie ramadhanesque ne se passe pas partout de la même manière. Dans le village voisin de Misserghine, situé à une encablure à la sortie ouest de la ville, l'ambiance est particulièrement fade durant ces journées caniculaires du Ramadhan. Très tôt, le village se réveille au rythme des déchargements des camions dans les marchés, des charrettes qui remplissent le boulevard ou encore le brouhaha visible dans les abords du seul marché du village. Les premières heures de la journée restent les plus importantes pour ces travailleurs du marché, dont un nombre important d'enfants qui y activent pour venir en aide aux leurs. Le seul jour où le marché est déserté, c'est sans doute le dimanche où se tient le marché hebdomadaire dans une enceinte mitoyenne à la fameuse marbrerie de Misserghine, aux abords de l'ancienne route reliant le village à Aïn El Beïda et Es Sénia. Au fur et à mesure que la mi-journée approche, les choses s'accélèrent, notamment pour les vendeurs de poisson. Les prix du poisson baissent, parfois, à mesure que midi approche. Cela, en attendant que la commune procède à l'inauguration et surtout à l'attribution des nouveaux magasins de la poissonnerie réalisée dans le cadre des programmes de développement local PCD. Le village est comme frappé de somnolence dès le début de l'après-midi. Misserghine est comme vidé de ses habitants. Il n'y a pas âme qui vive durant ces rudes journées du jeûne. L'artère principale est vide et déserte, à peine si quelques voitures s'y aventurent en faisant un détour de la route nationale pour s'y alimenter en produits et autres besoins. Les magasins, s'ils ne ferment pas, baissent cependant les rideaux ou mettent les plastiques pour contenir la fraîcheur des climatiseurs. La vie y va au ralenti pendant toute l'après-midi jusqu'aux heures du muezzin. Le village aux mille vergers n'est plus que l'ombre de lui-même durant ces journées ramadhanesques. Le soir, c'est une tout autre histoire qui se dessine. Juste après le ftour, le boulevard principal du village s'anime brusquement. Les trottoirs ne désemplissent pas de monde et les magasins laissent grand ouvert leurs portes pour accueillir la clientèle. Les magasins de vêtements et autres chaussures épargnent aux familles misserghinoises les désagréments des déplacements et des encombrements de la ville d'Oran. La plupart des familles préfèrent effectuer leurs achats de l'Aïd dans les magasins du village qui n'ont rien à envier à ceux de la ville, sur tous les plans. D'autres familles préfèrent déambuler le long du boulevard pour se rafraîchir et se détendre les jambes, après une rude journée passée devant les fours dans les cuisines. Les hommes et les enfants, quant à eux, s'adonnent aux jeux sur les terrasses des kiosques de la principale place du village. Réaménagée à l'occasion de la fête de l'indépendance, la place a été embellie et complètement changée, à travers la création d'espaces verts à gazon verdâtre flamboyant, un jet d'eau bigarré d'une beauté extraordinaire et un pavé moderne et propre. Du coup, les vieux et les jeunes se côtoient sur les terrasses de cette place pour disputer des parties de dominos et autres jeux de cartes jusqu'à des heures tardives de ces veillées ramadhanesques. Cela constitue la fierté du maire de la ville qui n'hésite pas à dresser la liste des nouveaux prometteurs réflexes de ses sujets. «Ils m'ont étonné. Je les ai surpris en train d'irriguer le gazon. Je les laisse faire, parce que c'est le leur. Parfois, ils vont même jusqu'à interdire certains actes qui peuvent altérer la place et sa verdure», note le président de l'Assemblée communale de ce village. Des vespasiennes dotées d'eau chaude et de moyens modernes ont été également réalisées dans cette esplanade. Non loin de là, d'autres personnes échappant aux bruits de la place s'attablent devant leur maison, débordant parfois sur la chaussée, sans gêner outre mesure une circulation automobile presque inexistante. L'ambiance reste de mise jusqu'à des heures tardives du matin, pour ensuite laisser le sommeil faire son travail. Car le lendemain, c'est une autre histoire qui se déroulera, sans doute.