Photo : S. Zoheir Par Fodhil Belloul Point de temps pour l'ennui, après l'hommage footballistique, les premiers youyous pour accueillir l'invité de cette deuxième partie de soirée jaillissent. Chaou entre scène, entouré de l'habituel et pas lassant orchestre de l'ENTV. L'artiste s'assoit posément, le recueil de textes sous les yeux. Un problème de micro ? Imperturbable, Chaou continue à se préparer, plaisantant même «alors ce micro ? Ya si Mohamed, les gens attendent», la complicité s'installe. Le micro remarche, «à l'attaque» dit-il avec entrain. «Ya rebbi ya krim ya nîm el ferradj, ya hayan la tnam laâfouk enradji» (O Dieux généreux, source de toute joie, Toi vivant qui ne dort jamais, c'est Ton pardon que j'attends avec impatience). On dit que l'on va à la Mecque pour «se laver les os», pour se purifier, c'est donc dans ce sillage que Chaou interprète, en ouverture de son tour de chant, «Zoura ya aâchkine Zoura», véritable poème d'amour où la Kaaba est magnifiée par des attributs féminins, manière toute subtile de préserver aux yeux des profanes le sens ésotérique du poème, un Qsid qui offre des possibilité de variation de rythmes et de changement de modes, et Chaou s'en est donné à grande joie, variant, en interprète expérimenté, au moment adéquat, n'hésitant pas à moduler les vers, les plus poignants, en istikhbar, en pleine phase rythmique. Parlant de rythme, le Qsid n'étant pas encore fini, le mkhiless non encore entamé, que déjà quelques pectateurs s'égosillaient dans des «aywah», onomatopée qui annonçant qu'un danseur s'échauffe de plus en plus. Ils l'appellent «Chamba», un sympathique habitant du quartier mascotte des jeunes spectateurs depuis le début des veillées de la Tribune, avec toute la bienveillance qui exclu la moquerie, comme le fut le regretté yamaha dans les années 1990. Chaou enchaîne «hadha echarab lahou awani» (Ce breuvage à ses moments), et il était plus d'une heure du matin, «koul men chaf ghzali ka iheblou» (celui qui voit ma gazelle perd la raison), les spectateurs eux, se perdaient dans la voix du chanteur. Clou du spectacle, repris en chœur et avec une grande joie, El Kasbah ou ana wlidha, autre hymne à la ville d'Alger. C'est sur ces notes que l'artiste a quitté la scène comme il l'a rejoint, avec des youyous et des applaudissements plus marqués.