Synthèse de Ghada Hamrouche Le régime de Bachar al Assad est de plus en plus lâché par la communauté internationale. La Turquie, pays voisin et allié stratégique, a annoncé hier qu'elle se défaisait de cette alliance compromettante. La Turquie ne fait plus confiance au régime du président syrien Bachar al Assad qui poursuit sa répression aveugle des manifestations pacifiques contestant le pouvoir en place. C'est l'essentiel de la déclaration du président turc, Abdullah Gül, rapportée hier par l'agence de presse Anatolie. La situation en Syrie «a désormais atteint un tel niveau que tout est trop infime et trop tardif. Nous n'avons plus confiance», a déclaré M. Gül dans une interview exclusive accordée à l'agence turque pour ses quatre ans au pouvoir, faisant allusion aux mesures que le gouvernement syrien a annoncées pour tenter de calmer la contestation. «Tout le monde devrait savoir que nous sommes aux côtés du peuple syrien (...). L'essentiel, c'est le peuple», a ajouté le président turc. «Aujourd'hui, il n'y a plus de place dans le monde pour des gouvernements autoritaires, pour des partis uniques, des régimes fermés. Soit ils seront remplacés par la force, soit les gouverneurs de région (autorités locales, ndlr) devront prendre l'initiative d'administrer» le pays, a-t-il insisté. Pour sa part, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a averti que les responsables du régime syrien pourraient connaître le même sort que les dirigeants chassés du pouvoir en 2011 dans le monde arabe, dans une allocution télévisée. «Un régime ne peut pas survivre par la force, la brutalité, en tirant et en tuant des personnes désarmées qui descendent dans la rue. La seule solution est de faire taire immédiatement les armes et d'écouter les revendications du peuple», a-t-il dit. «Nous avons assisté à la fin de ceux qui n'ont pas choisi cette voie en Tunisie et en Egypte», a-t-il ajouté, avant d'évoquer la situation en Libye. Il n'y pas de place dans le monde aujourd'hui pour «les dirigeants uniques, les régimes dictatoriaux et les sociétés fermées», a poursuivi M. Erdogan. La Turquie «rappelle cette vérité aux gouvernements syrien et yéménite», comme elle l'avait rappelée «auparavant aux gouvernements égyptien et tunisien», a souligné le Premier ministre. Dimanche, près de 150 Syriens résidant en Turquie se sont rassemblés dans le centre d'Istanbul pour manifester contre le régime du président Assad. Les manifestants, parmi lesquels des femmes, des enfants et des dissidents qui venaient de fuir la Syrie, scandaient : «Bachar meurtrier, hors de Syrie», «Bachar ce sont tes derniers jours, tu dois être condamné à mort», et brandissaient des banderoles avec des inscriptions en arabe, en kurde et en turc dénonçant le régime syrien. Ankara, dont les liens avec Damas s'étaient resserrés ces dernières années, a critiqué avec une virulence croissante la violence des répressions orchestrées par le régime de Damas depuis la mi-mars, sans aller toutefois jusqu'à réclamer la démission du président syrien. La contestation vise depuis plus de cinq mois le régime de Bachar al Assad. La répression féroce des manifestants a fait, selon l'ONU, pas moins de 2 200 victimes.