Les résultats semestriels des cinq plus grandes banques chinoises se sont élevés à 57 milliards de dollars. Soit plus que ceux des quatorze plus importants établissements américains et européens réunis.L'industrie bancaire mondiale entre dans une nouvelle ère. Après la cotation et les levées de fonds successives des grands établissements chinois, les opérateurs de marché s'y étaient habitués : les plus grandes banques mondiales par la capitalisation n'étaient plus américaines ou européennes mais chinoises. Désormais, leur suprématie mondiale porte sur leurs résultats. Au cours du premier semestre, les cinq plus grandes banques de l'ex-empire du Milieu - ICBC, AgBank, Construction Bank, Bank of China et Bank of Communications - ont dégagé des bénéfices cumulés de 57 milliards de dollars... supérieurs à l'ensemble des résultats des quatorze plus importants établissements américains et européens !De part et d'autre de l'Atlantique, l'été des banques européennes et américaines a été terni par des rumeurs persistantes et, dans certains cas, par la publication de résultats décevants suivis d'annonces de vastes plans de licenciement. Au premier semestre, les résultats des quinze plus grandes banques américaines en termes d'actifs ont chuté de 17%. Et en Europe, plus de 40.000 suppressions de postes ont été annoncées au mois d'août, dont 30 000 chez HSBC qui va par ailleurs recruter 15 000 personnes dans les pays émergents.Depuis le début de l'année, les banques chinoises sont mieux loties en Bourse que leurs consoeurs occidentales. Certes, les restrictions drastiques imposées par le gouvernement central au secteur (hausse des taux d'intérêt, contraintes sur l'octroi de crédits, mesures anti-spéculatives dans l'immobilier...) ont pesé sur leurs cours de Bourse. Les actions des cinq plus grandes banques chinoises ont en moyenne chuté de 18% depuis le 1er janvier. Mais dans le même temps, celles des plus importantes valeurs bancaires américaines et européennes ont respectivement sombré de 28% et 36%, rapporte l'agence Bloomberg.A l'occasion de la publication de leurs résultats, les banques chinoises ont tenu à rassurer leurs opérateurs de marché sur leur exposition aux collectivités locales de leur pays. ICBC, la plus grosse d'entre elles mais aussi la plus exposée aux collectivités, vient de publier un bénéfice net en progression de 29,4% à 17 milliards de dollars. Sa direction a indiqué que les dettes les plus risquées ne représentaient que 0,25% de son portefeuille de crédits. Les dettes «non performantes» ne représentent que 1,11% des emprunts accordés aux collectivités locales par Construction Bank, le coefficient le plus élevé parmi les cinq grandes banques chinoises.Les opérateurs de marché sont donc attentifs. Selon l'agence de notation Standard & Poor's, 30% des emprunts accordés à ces collectivités pourrait devenir «non performants». Et d'après le Wall Street Journal, ils s'élevaient à 2,25 milliards de dollars à la fin de 2010, représentant un tiers de l'ensemble des crédits accordés à travers le pays. Pékin veille a régulièrement relevé les coefficients de réserves obligatoires des banques et leur a demandé d'étoffer leurs fonds propres pour éviter une crise bancaire et pour se conformer aux normes prudentielles internationales La banque centrale chinoise a annoncé hier un durcissement des règles concernant les réserves obligatoires des banques auprès d'elle, preuve supplémentaire de la volonté des autorités de lutter contre l'inflation.La mesure technique annoncée par la Banque de Chine contraint les banques commerciales à augmenter les sommes qu'elles doivent déposer auprès d'elle, a précisé l'agence de presse Chine Nouvelle.Le but de cette mesure est de restreindre les nouveaux prêts accordés par les banques et de ralentir la croissance de la masse monétaire, afin de lutter contre la hausse des prix.Même si l'effet est équivalent, cette mesure annoncée n'est pas à proprement parler une hausse du taux des réserves obligatoires des banques. Ce taux a déjà été augmenté à six reprises par la banque centrale chinoise depuis le début de 2011.Toujours dans le but de lutter contre l'inflation, la Banque de Chine a également augmenté ses taux d'intérêt à cinq reprises depuis le mois d'octobre 2010.Les banques chinoises ont par ailleurs augmenté les provisions et certaines, comme Bank of Communications, ont provisoirement suspendu la distribution de dividendes. D'après le cabinet hongkongais ChinaScope Financial, les établissements chinois cotés ont levé 93 milliards de dollars sur les marchés boursiers et obligataires en près d'un an.