La Libye a célébré hier l'Aïd El Fitr sans Kadhafi, toujours recherché. Les rebelles qui pensent que leur ex-président est toujours en Libye, ont estimé qu'ils étaient de leur «droit de le tuer» s'il ne se rendait pas. Ils ont d'ailleurs donné aux pro-Kadhafi jusqu'à samedi pour se rendre. L'OTAN qui a annoncé poursuivre ses bombardements en Libye jusqu'à ce que la population civile soit pleinement en sécurité, estime que Mouammar Kadhafi conservait une capacité de commandement des troupes lui restant fidèles. A ce propos, le porte-parole de l'opération «Protecteur unifié» en Libye, le colonel canadien Roland Lavoie, intervenant depuis le QG de cette opération à Naples, a assuré que «le dirigeant libyen en fuite conserve une capacité à commander et contrôler des troupes, leurs mouvements, et celui d'armes ainsi que leur déploiement, y compris le tir de missiles sol-sol. L'alliance n'a aucune information sur la localisation de Mouammar Kadhafi». Dans l'immédiat, l'Alliance atlantique a confirmé qu'elle concentrait ses interventions à l'heure actuelle sur la ville natale de Mouammar Kadhafi, Syrte, un des derniers bastions du régime. «La zone sur laquelle nous concentrons notre attention est à présent un couloir entre Bani Walid et le bord oriental de Syrte où les forces pro-Kadhafi maintiennent un degré variable de présence dans plusieurs villes et villages côtiers», a expliqué le colonel Lavoie. Hier donc, l'OTAN a accentué ses frappes sur les villes libyennes de Syrte et de Bani Walid, une localité au sud-est de Tripoli où le «Guide» aurait pu trouver refuge selon la rébellion. L'agence italienne Ansa, citant des «sources diplomatiques libyennes autorisées», a affirmé cette semaine que le «Guide» se trouverait à Bani Walid, avec ses fils Saâdi et Seïf al-Islam. La localité de Bani Walid est considérée comme fidèle au colonel Kadhafi. Bani Walid, qui se trouve dans le district de Misrata, est un des fiefs de la tribu des Warfalla, une des plus puissantes du pays et qui compte environ un million de personnes. Sur le plan financier, l'Union européenne a décidé de lever demain une partie de ses sanctions visant la Libye, particulièrement des sociétés pétrolières et les ports libyens. A New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé de son côté à répondre de manière «urgente» à la demande d'aide financière du CNT. Le Conseil de sécurité a autorisé mardi dernier Londres à débloquer 1,6 milliard de dollars d'avoirs libyens gelés afin d'apporter une aide humanitaire à Tripoli. La France espère obtenir «d'ici à la fin de la semaine» l'autorisation de débloquer 1,5 milliard d'euros d'avoirs libyens gelés, a indiqué la présidence française. L'Espagne s'est dite prête à débloquer les avoirs libyens gelés dans le pays et a transféré 16 millions d'euros de fonds libyens au Conseil national de transition (CNT). Le gouvernement italien a débloqué, hier, 500 millions d'euros en faveur de la Libye. Le patron du groupe pétrolier italien Eni a indiqué pour sa part espérer pouvoir redémarrer le 15 octobre la fourniture de gaz libyen à travers le gazoduc Greenstream qui relie la Libye à l'Italie. A l'étranger, la réunion du Groupe de contact sur la Libye prévue aujourd'hui à Paris avec la participation d'une soixantaine de délégations, afin d'accompagner les autorités de transition libyennes dans leur marche vers la démocratie. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, prendra part à cette conférence. Enfin sur les plans humanitaire et des droits de l'Homme, Amnesty International s'est alarmé des cas de mauvais traitements par les combattants anti-Kadhafi sur des personnes suspectées d'avoir combattu au sein des forces loyalistes, en particulier les noirs et les Africains sub-sahariens, et Médecins sans Frontières (MSF) a souligné que des «centaines de migrants et de réfugiés vulnérables» vivent dans «des conditions épouvantables, sans accès à des soins médicaux adaptés et sans garantie de sécurité» à Tripoli. H. Y./agences