Le logement social est-il un droit ou une faveur ? En parlant de «social», il paraît évident qu'il s'agit d'une faveur. Dans ce cas-là, peut-on accepter les déclarations d'un haut responsable de l'administration algérienne qui déclare à des bénéficiaires de logements sociaux mécontents «(…) Je ne comprends pas la réaction de ces citoyens, s'ils veulent rester dans leur 20 m2, c'est leur problème.» Mais, en fait, la vraie question qui s'impose, c'est celle de savoir si ces citoyens qui aspirent à un logement ont eu un autre choix que de bénéficier d'un logement social ? Ceux qui peuvent participer au paiement du prix d'un logement, ont-ils pu s'inscrire dans une formule de logement participatif ? Sûrement pas. Car, ce n'est pas un secret, bénéficier d'un logement en Algérie n'est pas chose facile pour ne pas dire impossible. Même en ayant les moyens de payer rubis sur l'ongle un logement promotionnel, il faut d'abord connaître les «bonnes personnes» pour pouvoir inscrire son nom sur la liste. Les exemples sont légion. Il y a eu des logements promotionnels de la CNEP pour lesquels une «guéguerre» des «connaissances» sans précédent a eu lieu. Il y a eu aussi les logements promotionnels de l'OPGI, de l'EPLF… Les citoyens ne trouvent le placard publicitaire de la mise en vente, qu'une fois les listes bouclées. Faut-il aussi rappeler le don qatari destiné aux sinistrés du séisme de 2003 qui a permis la construction de plus d'un millier de logements à Chéraga Ouest. Un merveilleux site pas loin de l'autoroute où ont été érigés de majestueux immeubles construits par un promoteur égyptien. Tellement beaux que ces logements ne pouvaient, selon les hauts responsables algériens, être distribués à de simples citoyens dans le cadre du social. D'ailleurs, les rumeurs iront bon train à leur sujet : certains affirmeront que le site est situé dans une zone militaire et que les logements ne devaient donc pas être attribués en dehors du personnel de l'institution, d'autres affirmeront que ce sont les hauts cadres du ministère de la Justice qui vont en bénéficier mais, en fin de compte, une partie a été livrée et d'aucuns affirment que ce sont des cadres sous la tutelle d'une très haute institution de l'Etat qui en ont bénéficié. Même dans le cadre du logement aidé, comme la formule AADL (Agence algérienne du développement du logement), les chances n'ont pas été égales pour les postulants. Faut-il rappeler que certains sites n'ont pas été rendus publics comme celui de Saïd Hamdine à Hydra, un des quartiers huppés de la capitale. Ce n'est qu'une fois les travaux bien entamés que les citoyens ont découvert, à leur grande surprise, les palissades avec le sigle de l'AADL. Actuellement, la rumeur fait état de la construction de logements promotionnels de cette agence, au cœur de la capitale. Où ? Comment y postuler ? Va-t-il y avoir un placard publicitaire pour la vente ? Suffira-t-il d'avoir l'argent nécessaire pour en bénéficier ? A toutes ces questions, aucune réponse ne peut être apportée. Car si tout se déroulait dans la transparence, très peu de citoyens auraient recours au social et ceux qui y postulent ne seront sûrement pas mécontents de bénéficier d'un toit. Car, le prix des logements vendus par l'Etat, qu'ils soient promotionnels ou participatifs, reste accessible aux cadres moyens et aux citoyens aisés. Les autres seront évidemment pris en charge par l'Etat. Le taux de pauvreté en Algérie, qui est en recul, selon les responsables, était de 5% en 2008. Donc, de ces millions de logements construits en Algérie cette dernière décennie ou encore de ceux qui sont en cours de construction pour l'actuel quinquennat, il est possible de prendre en charge, dans le cadre du social, les citoyens démunis. Le gouvernement algérien et ses responsables ne doivent juste pas oublier que dans la charte universelle des droits de l'Homme que l'Algérie a ratifiée, le droit à un logement est bien inscrit. Mais en l'absence de possibilité d'accéder à un droit, le citoyen accepte la faveur. Il lui restera le droit aussi d'aspirer à avoir la meilleure des faveurs ! H. Y.