L'habitude s'installe confortablement. L'émeute n'est jamais loin à chaque fois qu'une liste «d'heureux bénéficiaires» de logements sociaux est publiée dans une commune d'Algérie. A la colère souvent compréhensible de citoyens qui ne s'expliquent décidément jamais comment leurs noms ne sont pas tirés dans le lot, l'autorité répond de manière quasi systématique par un argument passe-montagne : c'est normal, quand il y a deux ou trois centaines d'appartements à distribuer sur des dizaines de milliers de demandes, il y a toujours des mécontents. Mais en l'occurrence, ce n'est pas toujours de cela qu'il s'agit. S'il y avait des critères précis et justes d'accès à ces logements, si la transparence prévalait à leur attribution, sans doute aurait-on fait l'économie de beaucoup de ces manifestations de colère qu'on a souvent du mal à tempérer. D'abord cette évidence : le logement social a été pendant de trop longues années l'unique formule d'accès à un toit, et le pays, en dépit de quelques efforts de diversification, ne s'en est jamais remis. Ce sont dans une large proportion les logements «sociaux» qui constituent les disponibilités du marché des ventes et de locations de particulier à particulier et il arrive fréquemment que des salariés au maigre revenu louent leur appartement auprès de prospères affairistes qui les ont acquis pour le prix d'un sandwich ! Deuxième évidence, aucun pays au monde n'a réglé ou ramené à d'acceptables proportions le problème du logement par le social, souvent conçu comme solution d'appoint réservée aux plus faibles. Troisième et dernière évidence, tant que le marché locatif n'est pas réglementé, contrôlé et développé, la crise persistera. Il faut que la location ne soit plus un signe de précarité pour ceux qui, nombreux, ne sont pas (encore) atteints de la maladie de la propriété. Il faut que la location ne coûte plus 50% des meilleurs salaires et ne soit plus une chimère pour les revenus intermédiaires. Il faut que s'arrêtent l'horreur et l'humiliation des déménagements annuels et des deux années d'avance à payer cash et sans contrat. Pour le reste, il est vrai que l'AADL a réglé pas mal de situations. Le problème est que la formule AADL a été… supprimée ! On ne sait pas encore les termes de la formule de substitution qu'on susurre çà et là, mais on sait que ça cafouille. La part belle faite au crédit logement ? Elle bute sur un sérieux obstacle : l'offre est insuffisante et l'apport personnel problématique. On veut bien savoir ce que vont bien proposer les banques après les nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire. Et le million de logements annoncé par le ministre de l'habitat. En attendant, l'émeute a été encore évitée cette semaine à Sétif. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir