«On veut absolument impliquer l'Algérie, mais il n'est pas dans nos traditions d'envoyer nos troupes militaires dans d'autres pays», a lâché le ministre délégué aux affaires maghrébines, Abdelkader Messahel.Ce dernier a été clair et tranchant, jeudi dernier, lors de la conférence de presse organisée à l'issue des travaux de la rencontre d'Alger sur le partenariat des Pays du champ et les extrarégionaux portant sur la sécurité et le développement du Sahel. Il a confirmé que l'Algérie exclut les actions communes en dehors du Cemoc (Comité d'état-major opérationnel conjoint) en disant «nous, pays de la région, avons pris conscience de l'importance de la coordination au niveau militaire et sécuritaire, nous avons identifié à chaque niveau quelles étaient les actions à mener. On veut absolument impliquer l'Algérie, mais il n'est pas dans nos traditions d'envoyer nos troupes. Cependant nous participons à des patrouilles mixtes au long de nos frontières».Il a ajouté : «Les interventions militaires étrangères peuvent avoir des conséquences fâcheuses dans certains conflits. Cela alimente le terrorisme et le djihadisme.» Cette réponse était-elle assez claire pour les partenaires de l'Algérie qui ont mis en exergue l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste, laissant entendre que c'était à elle de jouer le rôle de leadership militaire dans la région du Sahel ? D'ailleurs, les représentants du Royaume Uni, Robin Vincent Searby, et de l'Union européenne, Manuel Lopez Blanco, à qui n'a pas échappé le rôle de premier plan joué par l'Algérie dans ce domaine, ont indiqué qu'elle avait la capacité de mener les nouvelles opérations. Le représentant français, André Parant, conseiller diplomatique adjoint du président Nicolas Sarkozy, a commencé, quant à lui, par relever que la lutte antiterroriste dans le Sahel incombe aux pays de la région et que «nul ne peut se substituer à eux et décider en leurs lieux et place» avant de reconnaître à l'Algérie son combat courageux et sa capacité à tenir tête au terrorisme. Pour sa part, le général Carter Ham, Haut commandant des forces américaines pour l'Afrique (Africom), a salué le rôle de «leader» de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et ses connexions dans la région. Les déclarations des uns et des autres n'ont d'autre signification que celle de pousser l'Algérie à engager la lutte contre les groupes terroristes et autres groupes extrémistes activant dans la région du Sahel, avec en filigrane, bien sûr, les conséquences négatives pouvant éventuellement en découler. Faut-il rappeler à cette occasion que l'engagement des forces de l'Otan en Libye s'est accompagné d'une sérieuse menace liée à la multiplication dangereuse des armes de guerre en circulation dans la zone sahélienne ? La présence de forces étrangères n'y étant pas non plus souhaitée, il est clair qu'il revient aux seuls pays de la région d'adopter une stratégie commune pour faire face au fléau du terrorisme et tout appel au partenariat avec des forces étrangères à la région ne saurait trouver d'autre explication que celle de protéger des intérêts propres sur place. H. Y./F. A.