Photo : Riad Par Younès Djama La rentrée scolaire 2011/2012, qui s'ouvre demain, s'inscrit cette année sous le signe de la grève. Deux syndicats autonomes représentant les enseignants, le Cnapest et le Snapest, ont menacé hier d'entrer en grève illimitée pour protester contre les désengagements et autres renoncements dont a fait montre le ministère de l'Education nationale par rapport, notamment, au contenu des procès-verbaux du 25/12/2008 et du 21/04/2011. Si le Cnapest de Nouar Larbi nuance sa menace d'entrer en grève illimitée, la menace du Snapest est on ne peut plus limpide. «Nous entamerons la nouvelle rentrée scolaire par une grève dure si nos doléances ne sont pas prises en charge par la tutelle, notamment le point relatif au régime indemnitaire», a déclaré hier à Alger, Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), lors d'un point de presse. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) fait porter lui «l'entière responsabilité» aux pouvoirs publics quant aux conséquences qui découleraient de la légèreté dans la prise en charge de ses doléances, notamment une révision de l'actuel régime indemnitaire décrit comme une «injustice» que la tutelle se doit impérativement et dans les meilleurs délais possibles de «corriger» si elle veut éviter une grève dès la rentrée prévue demain. Suite à la réunion jeudi dernier de son Bureau national, le Snapest a regretté que les revendications soulevées lors de la réunion du mois d'avril dernier avec le ministre de l'Education n'aient été suivies d'aucune concrétisation. Nonobstant l'engagement consigné dans un procès-verbal de la part de Boubekeur Benbouzid quant à satisfaire les doléances des syndicats de l'éducation, ces derniers se retrouvent, à la lumière de l'annonce des régimes indemnitaires des différents secteurs de la Fonction publique, être les «derniers maillons de l'échelle sociale en Algérie.» Le Snapest a ainsi appelé à revoir le régime indemnitaire de l'éducation avec la reconduction de l'Indemnité d'amélioration des tâches complémentaires (IATC) - de l'ordre de 50% du salaire de base. Celle-ci a été supprimée par la commission ad hoc installée par le ministère de l'Education en vue d'élaborer le régime indemnitaire des travailleurs du secteur. La différence de classification entre un enseignant classé à la catégorie 13 et un travailleur d'un autre secteur de la Fonction publique occupant la même catégorie, atteint 10 000 DA, selon le Snapest. Les conclusions des travaux de la commission mixte, ministère-Cnapest- Unpef, relative au dossier du régime indemnitaire, ont confirmé, selon le Cnapest, des disparités «flagrantes» entre le régime indemnitaire de l'éducation et celui des autres secteurs de la Fonction publique. A titre d'exemple, la différence relevée entre un fonctionnaire de l'éducation et celui de la justice (greffier), tous les deux soumis à la même loi 06/03 et classés à la catégorie 13 échelon 06, est de 9 546.45 DA, et entre un fonctionnaire de l'éducation et celui du Trésor classé à la catégorie 12, tous les deux stagiaires, est de l'ordre de 8 387.06 DA. Une telle «ségrégation» est perçue par les enseignants et l'ensemble des travailleurs de l'éducation comme une sanction à leur encontre «pour avoir été les premiers à revendiquer un salaire digne». Quant à la revendication de la mise à jour des primes de zone et d'excellence, elle demeure à ce jour lettre morte, dénoncent unanimement les syndicats de l'éducation. Concernant les enseignants du Sud, le Snapest regrette que la tutelle ne tienne pas compte des spécificités de cette région du pays et des conditions de travail des enseignants. «La démarche des responsables du ministère de lEéducation nationale de recourir aux signatures d'engagements écrits sur P.V sans se soucier de leur concrétisation, compromet, à l'avenir, tout espoir d'un dialogue fructueux, sérieux et responsable, ôte toute crédibilité aux réunions de travail, ainsi qu'à la signature de procès-verbaux qui s'avère n'être que lettres mortes et ternit tout partenariat social avec notre syndicat», souligne Larbi Nouar, coordinateur national du Cnapest.Sur le registre des œuvres sociales, le Snapest a appelé le gouvernement à supprimer le décret présidentiel 303 qui enlève aux syndicats autonomes leur droit de regard sur la gestion des œuvres sociales de l'éducation. Tout en plaidant pour une gestion décentralisée de ces oeuvres, le Snapest de Meziane Meriane a indiqué qu'il est favorable à la création d'une commission nationale «à condition qu'il y ait une commission de contrôle en plus d'annuler le décret présidentiel 303». Meziane Meriane a exhorté les pouvoirs publics à associer les syndicats autonomes lors du transfert de la gestion des œuvres sociales qui n'est, pour rappel, plus l'apanage de l'UGTA. Enfin, le coordinateur national du Snapest a annoncé la tenue d'un conseil national du syndicat au cours de la 2e quinzaine du mois en cours.