Après le primaire et le moyen, les cours reprennent – enfin diront certains – dans le secondaire. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a annoncé hier sa décision de suspendre la grève qui a duré plus de deux semaines. La reprise des cours est prévue pour aujourd'hui. « Plusieurs facteurs ont plaidé pour le gel de la grève. Nous voulons, entre autres, préserver le droit des élèves à l'enseignement. Nous ne voulons pas qu'on nous accuse de saboter l'année scolaire », souligne Larbi Nouar, coordinateur national du Cnapest, qui explique que la décision a été prise par vote. Car, il y a eu des « pour » et des « contre » au sein du conseil national du syndicat, réuni lundi dernier. Le Cnapest exprime par là son « souci » pour l'avenir des élèves, lesquels risquaient de perdre une année d'études. « Nous avons perdu beaucoup de temps », souligne le coordinateur du Cnapest. Le gel de cette grève vient après la menace du ministère de l'Education de remplacer les grévistes en recrutant de nouveaux enseignants. Le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, a exigé la fin de la grève, jugeant « suffisantes », voire « consistantes » les augmentations de salaires accordées aux enseignants, qui s'élèvent à 420 milliards de dinars. Le ministre est allé plus loin en disant qu'il est prêt à recruter 50 000 nouveaux enseignants pour remplacer les grévistes. Le Cnapest dénonce ainsi les « pressions » exercées sur le syndicat afin qu'il renonce à la grève et condamne les manœuvres d'intimidation et les menaces de licenciement proférées à l'encontre des enseignants grévistes. Il interpelle, à cet effet, le président Bouteflika, afin qu'il lève les sanctions infligées aux enseignants grévistes et réponde favorablement à leurs doléances. Le gouvernement a mis en place, faut-il le rappeler, trois commissions, dont la troisième vise à résoudre les problèmes inhérents au remplacement des enseignants qui n'auront pas rejoint leurs postes de travail, après deux préavis, à compter du 7 mars passé. Le syndicat dit demeurer attaché à ses revendications et se dit prêt à reprendre la protestation si les pouvoirs publics ne donnent pas une suite favorable à ses doléances. « Nous restons attentifs à la suite qui sera réservée à nos revendications. Si elles ne sont pas satisfaites, nous reprendrons la grève », prévient Larbi Nouar. Ces revendications, qui sont aussi celles des autres syndicats autonomes de l'éducation, consistent en trois points : le régime indemnitaire, les œuvres sociales et la médecine du travail. « Il y a déphasage entre le discours et le terrain. D'un côté, on considère l'éducation comme un secteur des plus stratégiques et de l'autre côté, on refuse de lui donner les moyens nécessaires pour assurer son bon fonctionnement », fait remarquer le coordinateur du Cnapest. La grève illimitée qui a commencé en février dernier a paralysé les trois paliers de l'éducation. Avec la reprise des cours au niveau des trois paliers, le spectre d'une année blanche semble écarté. Reste maintenant de savoir comment les séances ratées vont être rattrapées. Le ministère compte réduire les prochaines vacances du printemps. Est-ce suffisant ?