Parce que sur les deux milliards d'hectares de terres à récupérer au plan mondial, plus du tiers se trouve sur le continent africain, soit 750 millions d'hectares, la lutte contre la désertification devient aujourd'hui une urgence. Cette question interpelle, certes, toute la communauté internationale mais aussi africaine. Car, sur le continent noir, ce fléau qui se pose avec acuité est aggravé par les phénomènes de sécheresses prolongées, les inondations de plus en plus violentes, l'instabilité des droits fonciers, la baisse croissante des rendements agricoles… Il est vrai que 450 millions de dollars sont mobilisés pour lutter contre la dégradation des terres en Afrique sur la période 2012-2014, mais ces financements doivent aussi être accompagnés par des efforts locaux pour mettre en place des programmes de développement durable impliquant les populations afin d'assurer leur succes. Beaucoup reste à faire «Les pays africains doivent compter sur leurs propres ressources pour lutter contre la désertification et la dégradation des terres et inscrire ce phénomène parmi les priorités nationales», avait indiqué le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Unccd), Luc Gnacadja, à l'ouverture de la réunion régionale africaine préparatoire à la 10e Conférence des parties à l'Unccd, prévue en octobre prochain en Corée du Sud. Selon lui, «les pays africains doivent mettre en premier lieu leurs ressources là où ils ont des défis et des potentiels à valoriser».Il est vrai que beaucoup d'avancées ont été enregistrées sur ce dossier au niveau de ce continent mais beaucoup reste à faire au vu de ce qui se passe dans certains pays. L'exemple le plus édifiant reste la Corne de l'Afrique où beaucoup de victimes de la famine sont enregistrées en raison de la perte des ressources naturelles, de la dégradation des terres et de la désertification. notre ministre de l'Agriculture et du développement rural, Rachid Benaïssa, a déclaré, lors de la réunion d'Alger sur la désertification, que «si on déplore les conflits locaux qui surgissent dans les espaces géopolitiques en proie à la famine et à la faim, on n'accorde pas suffisamment d'importance au fait que, dans beaucoup de cas, ils sont directement liés à l'amenuisement des ressources naturelles et à la disparition des bases premières de la vie dans les régions ainsi affectées». Il a ajouté que «les images dramatiques qui nous parviennent chaque jour de la Corne de l'Afrique où se joue actuellement le destin de millions de personnes victimes de la famine sont là pour nous rappeler ces réalités et interpeller avec la plus grande vigueur une communauté internationale particulièrement timide et agissant surtout sur les effets et très peu sur les causes du fléau». Ce fléau qui menace aujourd'hui deux milliards d'êtres humains, surtout quand on sait que plus de 650 millions de personnes en Afrique vivent de l'agriculture pluviale et ce dans un environnement marqué par la raréfaction des ressources en eau et la baisse de la productivité des sols. L'Algérie, un exemple à suivre Il est donc urgent aujourd'hui pour les pays africains (l'Afrique est le seul continent où la sécheresse entraîne encore famine et mort de populations) d'unifier leur vision pour la lutte contre la désertification en pesant de tout leur poids à la prochaine Conférence des parties (Cop10) à l'Unccd qui se déroulera du 10 au 21 octobre à Changwon, en Corée du Sud. Avoir une position commune donnera plus de force au continent et lui permettra de défendre au mieux les intérêts des peuples africains. Les points à traiter lors de cette rencontre sont de la plus grande importance et ont trait, entre autres, à l'évaluation de la mise en œuvre de la convention, des mécanismes de coordination régionale et à la promotion des bonnes pratiques.Il faut souligner que l'Algérie, dans ses efforts de lutte contre la désertification, est citée comme un exemple de réussite à suivre par les pays africains. La réunion préparatoire de la Cop10 a permis d'adopter une feuille de route qui sera présentée en Corée du Sud. B. A. Un projet de lutte contre la désertification en finalisation à Béchar Un projet de lutte contre la désertification portant sur la plantation d'une surface de 23 765 ha en diverses espèces d'arbres forestiers et fruitiers sera finalisé au cours du premier trimestre 2012, a indiqué la Conservation des forêts de Béchar. Entamé en 2010, ce projet a permis à ce jour la plantation de 15 000 ha de brise-vent autour des périmètres de mise en valeur des terres sahariennes, à travers les daïras de Béchar, Béni Abbès, Tamtert et Abadla. Ces opérations de lutte contre la désertification ont également porté sur la plantation de 146 ha d'oliviers et de 8 619 ha d'espèces forestières adaptées aux conditions climatiques de la région. La Conservation des forêts, dans le but de protéger les pâturages et de freiner l'avancée du désert, a procédé à la création officielle d'une réserve de 35 000 ha qui sera consacrée uniquement aux activités pastorales, notamment à l'élevage camelin, et ce, au niveau de la région de Zousfana, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Béchar. Deux réserves similaires de 15 000 et 600 ha ont été également délimitées à travers les communes de Lahmar et Mougheul, situées respectivement à 38 et 43 km au nord-ouest du chef-lieu de wilaya. L'objectif de ces opérations, retenues au titre du programme national de lutte contre la désertification, est la création d'un microclimat susceptible de constituer un facteur de développement des activités agricoles et de freiner l'avancée du désert dans les régions à risques, comme c'est le cas à Béni Abbès et Tamter.