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Le mur de Berlin de la télé est tombé !
Le Conseil des ministres annonce l'inéluctable libéralisation du champ audiovisuel
Publié dans La Tribune le 15 - 09 - 2011

Ça y est, c'est fait ! L'inéluctable devait survenir un jour. Les Algériens auront désormais la possibilité de créer des télévisions et des radios, dès l'adoption par le parlement du nouveau Code de l'information. Le Conseil des ministres, c'est-à-dire le président de la République, a, en effet, pris la décision de libérer le champ audiovisuel. Ainsi, n'est-il pas trop tard pour enfin bien faire. L'ENTV, le monopole fossilisé de diffusion de programmes audiovisuels dévolu depuis 1962 à l'Etat, est donc cassé. Cette décision met ainsi fin à une spécificité absurde et surréaliste que l'Algérie partageait avec les petits royaumes de Bouthan, du Vanuatu et de Brunei.
Au Maghreb, à l'exception de la Libye, qui possède tout de même plusieurs chaînes publiques, l'Algérie est le dernier pays à décider d'ouvrir la télévision et la radio aux particuliers. En Mauritanie, le monopole d'Etat a été rompu en mars 2010. Le modeste voisin maghrébin compte quand même deux chaînes publiques autonomes, dont une satellitaire, 2 Web télé et 2 radios étatiques.
En 2005, lors d'une conférence de l'ASBU, l'Union arabe des radios et télés, le président Abdelaziz Bouteflika déclarait : «Les pays qui ne possèdent pas le savoir et les moyens de communication modernes sont condamnés à régresser ou à disparaître du champ politique international». L'Algérie n'a certes pas encore disparu du champ politique international mais elle a sans doute régressé dans le domaine de l'audiovisuel. En tout cas, elle n'a pas avancé depuis d'un iota télévisuel. Il était donc temps d'ouvrir le champ audiovisuel pour mieux s'ouvrir sur le monde et surtout se prémunir contre le bombardement télévisuel de l'opinion nationale. D'autant plus que l'Algérie est au cœur du flanc sud de la Méditerranée et est arrosée constamment par près de 700 chaînes arabes, dont 34 stations d'info. Sans compter une offre européenne gigantesque de plus de 5 000 télés. Ne reste plus donc que le Vanuatu qui possède une unique chaîne généraliste depuis 1993, le Bouthan, dernier pays au monde à s'être doté d'une télévision en 1999 et le riche et dictatorial sultanat de Brunei qui dispose d'une unique station de télé et de 3 canaux de radio. Contrairement à l'affichage officiel, l'Algérie n'a toujours possédé qu'une télévision qui décline sur les satellites Astra, Hotbird et Arabsat trois programmes qui reprennent les journaux et des émissions de ce que nos compatriotes appellent, par génie de dérision populaire, l'Unique. Depuis 1994, les Algériens de l'étranger, principalement en France, regardent Canal Algérie en français et, depuis 2003, des programmes en langue arabe sont destinés aux pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Et, depuis 2009, des productions en tamazight et des émissions coraniques sont disponibles également sur le satellite. Même si elles ont à leur tête des managers, ces vraies fausses chaînes sont placées sous la tutelle de l'ENTV, c'est-à-dire le monopole de l'Unique ou, comme on l'appelle encore,
al-Yatima, l'orpheline de l'audiovisuel mondial. De manière anecdotique, l'ENTV est actionnaire à hauteur de 0,33% d'Euronews. Elle a installé la Télévision numérique terrestre (TNT) en mode test sur le champ audiovisuel depuis l'automne 2010 et compte, à l'horizon 2015, numériser l'ensemble du réseau hertzien. L'ENTV, qui pourrait changer de dénomination et de cahier des charges, passerait alors au format MPEG4 qui permet de libérer plus d'espace sur la TNT. Comme d'habitude, lorsque des pays autoritaires concèdent des ouvertures démocratiques, la libéralisation de l'audiovisuel favoriserait sans doute un foisonnement télévisuel, à l'image de l'éclosion, tels des spores, de la presse écrite qui compte aujourd'hui un peu plus de 80 quotidiens nationaux et régionaux. Ce serait probablement la ruée, voire même une course à l'échalote, tant les prétendants au veau d'or télévisuel seraient légion. Mais déjà que se bousculent sur le portillon d'une compétition non encore annoncée quelques prétendants aux reins financiers et aux appétits politiques solides. Mais, à coup sûr, ces bancables, comme on dit d'acteurs ou d'opérateurs qui ont des signatures dignes de confiance, ne seraient pas les seuls sur la future ligne de départ. On connaît désormais les ambitions affichées de notre confrère El Watan, le premier à avoir dégainé en annonçant à la vitesse d'un faisceau hertzien son intention de créer une radio et une télé. On n'ignore rien non plus des rêves télévisuels de milliardaires comme Djilali Mehri, Issad Rebrab ou encore le prince du BTP Ali Haddad et d'autres privés tout aussi ambitieux mais plus discrets. Djilali Mehri, par exemple, homme d'affaire soufi et magnat du tourisme algérien en devenir, a longtemps songé à créer une télévision culturelle à vocation et à financements maghrébins. Mehri y rêverait encore mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. L'homme d'affaire a du se dire qu'on ne lance pas une télévision comme on construirait un hôtel ou comme on installerait une station d'embouteillage de sodas ou de bières. Il attend pour voir. Autre exemple, le patron kabyle de Cevital. Leader des marchés algériens du sucre, des oléagineux et du verre plat, d'autre part concessionnaire automobile et fabricant sous licence d'électronique grand public, le patron du quotidien Liberté songe à créer une télévision généraliste depuis au moins une décennie. Il attend tranquillement son heure, après s'être appuyé sur l'expertise et les conseils d'un professionnel du cinéma et de la télévision, le cinéaste Mohamed Iftissene. Avant même de se lancer dans la première aventure de la télévision privée, les rares professionnels du secteur encore disponibles au pays et les éventuels financeurs devraient réfléchir à un minutieux audit de l'expérience de la télévision monopolistique d'Etat. Ils devraient surtout tirer toutes les leçons de la piteuse expérience de Khalifa TV, lancée comme on aurait cuisiné une pizza aux merguez, sans étude de marché et sans maturation de concept et de projet. Installée en France comme on aurait acheté une épicerie arabe, cette télé éphémère, qui fut une pompe de dilapidation de fric, sombra aussi rapidement qu'elle fut créée dans le ridicule qui ne tue pas. Les raisons n'incombèrent pas seulement aux liquidateurs judiciaires algériens mais relevèrent aussi de l'incurie de son promoteur qui s'est adossé à de superbes exemples d'incompétence managériale et éditoriale. Les promoteurs du futur paysage audiovisuel algérien devraient méditer aussi l'incapacité des Algériens en général et de leur Etat en particulier à lancer à partir du pays ou de l'étranger une chaîne de télévision qui aurait été leur voix permanente, puissante et crédible. L'échec, avant même son lancement, en France, de l'expérience dite Darna, c'est-à-dire «notre maison commune Algérie», en est un exemple. Douloureux mais juste. Voila un beau projet dont le tour de table financier avait été confié à un richissime homme d'affaire français, d'origine algérienne. L'homme en question, s'appelle Prospère Amouyal, juif du sud-ouest algérien. Sa famille, qui s'était enrichie dans le négoce des céréales, avait accompagné les premiers pas commerciaux d'un certain Djilali Mehri qui vendait alors, sous sa bienveillante
protection, des Dauphine, de marque Renault, à Alger. Prospère, le bien prénommé, aujourd'hui roi de la porcelaine et de la fine faïence en France, magnat de l'immobilier et des finances, voue à son pays de naissance un amour incommensurable et indéfectible. Inutile de souligner alors son degré de motivation. Mais c'était sans compter sur l'inconséquence des Algériens à mener à son terme un projet aussi ambitieux. C'était sans tenir compte également de la redoutable efficacité des réseaux transversaux et des forces inertielles au sein du régime. C'est ainsi que ce projet, si cher au président Abdelaziz Bouteflika, sombra dans les dédales mystérieux de forces centrifuges dont l'argument d'empêchement était que l'Algérie n'était pas encore prête pour une libéralisation de son audiovisuel, préférant s'appuyer toujours sur l'Unique qui est un exemple unique de médiocrité systémique et systématique.
En réalité, jusqu'à maturation du consensus au sujet de la libéralisation de l'audiovisuel, il y avait au sein du régime la crainte de voir se créer des oligopoles économiques dont la puissance financière aurait été adossée aussi à une force de frappe médiatique. L'expérience des oligarques russes était sans doute présente dans les esprits. Mais l'inertie, la frilosité et la pusillanimité des dignitaires du régime traduisaient une forte schizophrénie télévisuelle. Cette attitude était surréaliste : les Algériens regardaient ailleurs et depuis longtemps. Aujourd'hui, selon une étude de 2008 du cabinet de Médiamétrie français qui a une représentation à Alger, 14 à 16 millions d'Algériens regardent les télévisions étrangères contre 8 à 10 millions qui suivent les émissions de l'ENTV, dont le taux de pénétration des foyers serait de 23%. L'opinion des Algériens est largement façonnée par les télévisions étrangères de même que leur religiosité et leur modèle de consommation. Des stations, qui sont les outils de la propagande des pays du Golfe, marocaines ou françaises, sont très regardées. L'absence de la moindre concurrence pour porter la voix de l'Algérie, contrer les thèses préjudiciables à ses intérêts et à sa souveraineté, font que des télés comme France 24, de création récente, et les marocaines Médi1 et 2M, sont consommées à table, en prime time. Et, pour ne pas friser le ridicule qui tue, ne parlons pas d'Al Jazira, de BBC Arabic ou d'Al Arabiya ou même des chaines prosélytes religieuses. Si l'Algérie disposait de sa France 24, elle n'aurait pas éprouvé récemment le besoin d'allumer des contre-feux naïfs, dans des colonnes de presse locales, face à une excessivement redoutée campagne de déstabilisation de l'Algérie, à la mode libyenne. Le ridicule, comme Facebook, ne tuent pas. Dieu soit loué ! Il n'y a pas de crainte car Bernard Henri Levy n'a pas bonne presse à la Casbah d'Alger, à Blida, à Jijel ou même à Zoudj Bghal. Il y a surtout à craindre quand, comme le dit le dicton algérien, on a peur du feu parce qu'on a du foin dans le ventre.
N. K.


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