C'est un constat sans appel que vient de faire le secrétaire général du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). «Le secteur de la santé est de plus en plus malade», a-t-il lâché d'emblée lors d'une conférence de presse tenue au siège du syndicat. Abordant plusieurs thèmes liés au secteur, M. Merabet a réitéré encore une fois le rejet du syndicat quant à la nouvelle carte de la santé, mise en application depuis janvier 2008 par le gouvernement. Il a déploré, dans ce contexte, «le laisser-aller» de l'ex-ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, M. Amar Tou, concernant la prise en charge de la santé publique. Les réformes de l'ex-ministre commencent, a-t-il précisé, à avoir «des répercussions sérieuses», notamment en ce qui concerne l'idée de la séparation des établissements hospitaliers des autres infrastructures extra-hospitalières qui reste la seule responsabilité de la tutelle. De ce fait, le syndicat a dénoncé cette initiative qui pourrait «détruire le système de la santé» dans le pays. Des résultats déjà visibles sur le terrain, a-t-il noté, en citant une série de situations portant sur des anomalies de gestion et de prise en charge du malade. «La nouvelle carte sanitaire rétrécit la prise en charge des malades. Prenons l'exemple des salles de soins qui viennent plutôt en remplacement des centres de soins, alors que le personnel médical est limité à un seul médecin et à un paramédical, sans même spécifier la spécialité de ce dernier.» En citant cet exemple, le docteur Merabet tente de comprendre la logique du choix du ministère de suspendre les centres de soins qui, pourtant, jouent un rôle important dans les soins de proximité. «Que deviendront ces centres ? Ils ne peuvent être transformés ni en polyclinique ni en salles, alors que veut-on faire de toutes ces infrastructures ?» s'interroge-t-il. En plus de tous ces questionnements, il s'est demandé pourquoi élaborer un arrêté, portant création et fonctionnement des nouvelles unités (établissements publics de santé de proximité et établissements hospitaliers spécialisés), sans la concertation des concernés, d'autant plus, a ajouté le docteur Merabet, que «le retard qui a marqué la création de ces établissements va avoir des effets négatifs sur la gestion des ressources humaines». A ce propos, le conférencier s'est dit sceptique quant aux capacités du ministère à assurer la gestion de ces nouvelles structures. D'ailleurs, le syndicaliste qui s'est longuement étalé sur les contradictions de la nouvelle carte sanitaire a demandé à l'actuel ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, nouvellement installé, de s'occuper sérieusement de ce secteur. «M. Barkat devrait revoir le dossier de la nouvelle carte de la santé dans le but de sauver le secteur et de mettre fin à cette situation de blocage», a-t-il souligné. Evoquant la question de la grille des salaires et des statuts particuliers, le docteur Merabet a fait savoir que «nous refusons toute modification de l'avant-projet du statut particulier, notamment la classification du médecin généraliste, du chirurgien dentiste et du pharmacien». Une rencontre entre le syndicat et le ministère de tutelle a été également souhaitée par M. Merabet afin d'«ouvrir un dialogue sérieux qui apportera ses fruits pour le secteur de la santé», a-t-il conclu. N. B.