Les libertés syndicales sont de plus en plus menacées selon les syndicalistes. Après l'interdiction des marches et des rassemblements, le recours à la grève est passible de poursuites judiciaires. Après le Syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), la Coordination des lycées d'Alger (CLA), c'est au tour du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) d'être convoqué par le juge d'instruction pour lui signifier l'illégalité de la grève qui était prévue pour les 5, 6 et 7 mai prochain. Encore une fois, une décision de justice rendue sur un événement qui n'a pas eu lieu. Suite à cette décision, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a animé hier, en son siège à Alger, une conférence de presse pour dénoncer les agissements du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Le recours à la justice décidé par la tutelle pour une intention d'entrer en grève est sans aucun fondement, a déclaré M. Bensebaini, le président du SNPSP. « Nous dénonçons énergiquement cette façon de faire qui est contraire aux lois de la République », dira-t-il, et de souligner qu'« il est plutôt plus sage d'appeler à une réunion de conciliation au lieu de mettre des médecins syndicalistes face à un juge ». Sans porter de commentaires sur la décision de justice, le SNPSP a décidé de surseoir au mouvement de grève, mais il vient d'introduire l'affaire en appel au niveau du Conseil d'Etat. Le Dr Bensebaini a exprimé son étonnement quant aux motivations qui ont poussé le ministère de la Santé à ester le syndicat en justice, « le jour même où nous étions conviés à une réunion de travail au ministère, c'est-à-dire le 28 avril ». Selon le président du SNPSP, le ministre de la Santé a agi sur la base d'un rapport établi par ses collaborateurs, notamment le directeur des ressources humaines, concernant le dossier du snpsp, « qui ne porte que des mensonges » concernant le règlement de certaines revendications du syndicat. « A ce jour, aucun point de la plateforme de revendications n'est pris en charge pour les secteurs sanitaires de Dellys, Bel Abbès et Bologhine, comme cela est notifié dans ce rapport », a-t-il affirmé en exhibant une copie du rapport. Déterminé à aller jusqu'au bout de ses revendications, le SNPSP « ne compte pas baisser les bras », selon son président et son secrétaire général, Dr Merabet. Des contacts sont, selon eux, en cours avec les autres syndicats de la santé pour se mobiliser autour de « leurs revendications justes et contre les décisions arbitraires ». D'autres syndicats solidaires du SNPSP, comme le CLA, adhèrent aussi au mouvement pour constituer un front. Intervenant lors de la conférence de presse, Redouane Osmane, porte-parole du CLA, a estimé que le recours à la justice par les différentes tutelles contre les syndicats autonomes est illégal. « La chambre administrative du tribunal de Sidi M'hamed n'a aucune compétence pour traiter des questions sociales. Elle est faite pour des affaires urgentes et on l'appelle le tribunal d'urgence », a-t-il précisé. Pour Redouane Osmane, le législateur a conçu des lois sociales et le juge les interdits en « condamnant l'intention d'aller vers une grève », a-t-il ajouté. Par ailleurs, le président du SNPSP a lancé un appel à sa base afin de rester mobilisée autour de ses revendications légitimes.