Après avoir patienté pendant des décennies, et vainement négocié avec un occupant qui n'a aucun respect du droit international, les Palestiniens ont décidé unilatéralement de demander la reconnaissance de la création de leur Etat par l'ONU. Ils iront déposer leur demande d'adhésion à cette institution ce vendredi (23 septembre 2011), en dépit des réactions hostiles de la part de l'occupant israélien, de son allié états-unien et de certaines capitales occidentales comme le Canada, tandis que les membres de l'Union européenne sont toujours divisés concernant la position à prendre par rapport à cette lancinante question. Dans son discours vendredi dernier à Ramallah, le président de l'Autorité palestinienne et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, s'est montré déterminé à saisir l'ONU, considérant cette option comme le dernier recours pour la création d'un Etat palestinien souverain et comme l'ultime démarche avant toute reprise des pourparlers de paix avec Israël. Mahmoud Abbas l'a d'ailleurs souligné : «C'est notre droit légitime de demander l'adhésion à part entière de l'Etat de Palestine à l'ONU», a-t-il dit. «Nous voulons mettre fin à une injustice historique en accédant à l'indépendance comme tous les autres peuples de la Terre, dans un Etat palestinien sur les lignes du 4 juin 1967. Après cela, nous pourrons revenir aux négociations sur des bases claires, approuvées par tous sur les questions de statut final : El-Qods, les réfugiés, l'eau, la sécurité, les colonies et nos valeureux prisonniers», a expliqué M. Abbas. «Nous n'allons pas à l'ONU pour isoler ou délégitimer Israël mais l'occupation israélienne», a-t-il assuré. Le président de l'Autorité palestinienne avait laissé du temps et donné la chance à la poursuite des négociations de paix, non seulement en Palestine mais dans toute la région du Moyen-Orient. Toutes les tentatives de contraindre Tel-Aviv à cesser sa colonisation et à revenir à la table des négociations se sont soldées par des échecs cuisants. Mahmoud Abbas a fini même par perdre confiance en le Quartette (Russie, Etats-Unis, Union européenne et ONU) qui s'est montré incapable d'empêcher l'occupation israélienne de grignoter de nouvelles superficies pour étendre son territoire sur celui qui devrait faire partie du futur Etat palestinien en Cisjordanie. «Je ne pense pas qu'il y ait une chance pour le Quartette de changer de position» à Israël concernant la question du gel de la colonisation en territoires occupés, a déclaré le négociateur Nabil Chaath, membre de la délégation palestinienne à l'ONU. «Il y a eu des discussions menées par les Américains pour persuader Tony Blair, l'envoyé spécial du Quartette sur le Proche-Orient, de publier un communiqué appelant à la reprise des négociations», a-t-il ajouté. «Cet échec à parvenir à la formulation d'un communiqué encourage les Palestiniens à aller au Conseil de sécurité des Nations Unies», a-t-il poursuivi. «Le projet proposé au Quartette est d'inspiration américaine, nous le rejetons et des membres du Quartette le rejettent. Il s'agit d'un projet qui omet la question de la colonisation et son arrêt», a précisé M. Chaath. «Ce que nous proposent M. Blair et la délégation américaine, c'est une modification des références du processus de paix. Ils ne réclament pas l'arrêt de la colonisation, présentée comme une évolution démographique naturelle, ils évoquent un Etat juif et ne parlent que des besoins d'Israël en matière de défense», a-t-il ajouté. «Nous ne l'acceptons pas et nous nous battrons au nom du droit des réfugiés et de l'Etat réclamé par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)», a-t-il indiqué. Les Palestiniens ont assez perdu de temps à cause de ces négociations qui s'enchainent. Pis, la poursuite des discussions de paix, sous l'égide de la communauté internationale, a été à l'origine de divisions internes au sein des différents mouvements politiques palestiniens. Le cas du contentieux entre le Hamas qui gouverne la bande de Ghaza et le Fatah qui contrôle l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, illustre bien la division qui a laissé les Israéliens poursuivre leur colonisation sans être aucunement inquiétés. Toutefois, après quatre années de lutte interne autour du contrôle du pouvoir, le Hamas et le Fatah se sont finalement réconciliés, même si cette réconciliation demeure fragile pour le moment. Il est évident que cette réconciliation n'est pas du goût de Tel-Aviv, qui s'est empressé d'appeler ses alliés occidentaux à exercer leur pression sur l'Autorité palestinienne pour diviser encore une fois les Palestiniens. Mais les Palestiniens étaient déterminés à s'unir pour pouvoir parler d'une seule voix à l'ONU malgré quelques réticences du Hamas concernant le contenu de la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU. Le Hamas dit ne pas être consulté par le Fatah dans la rédaction de la demande d'adhésion que Mahmoud Abbas compte déposer ce vendredi au secrétariat général de l'ONU pour qu'elle soit soumise au Conseil de sécurité. Ceci dit, le Hamas affirme soutenir cette démarche. «Le besoin urgent de notre peuple est la libération de sa terre de manière efficace, afin d'établir l'Etat de Palestine réellement souverain et indépendant, et non la poursuite des discussions sur un Etat qui n'existe pas sur le terrain», a indiqué ce mouvement dans un communiqué publié samedi et repris par les médias palestiniens, confortant ainsi la position du Fatah et de son président qui refuse toute reprise des pourparlers avant la reconnaissance de la Palestine en tant que pays souverain et autonome. Il est vrai que la situation demeure difficile et que la demande palestinienne va butter sur le refus de plusieurs pays. Mais les Palestiniens sont, au moins, sûrs du soutien de plus de 140 pays. De nombreux Etats sont disposés à apporter leur soutien à la démarche palestinienne et à aider le futur Etat de la Palestine à se constituer et à se doter d'institutions fortes et dignes d'un Etat moderne. Les pays arabes ont toutefois la responsabilité morale et historique d'être à la pointe de ce combat en faveur de l'indépendance de la Palestine, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. L. M.