Les praticiens spécialistes de la santé publique se mobilisent à nouveau pour la satisfaction de leurs revendications. Ils insistent particulièrement sur l'amendement du statut particulier et la révision du régime indemnitaire, ainsi que l'organisation du concours permettant le passage à un grade supérieur. Lors d'une conférence de presse, tenue hier au siège du syndicat à Hussein Dey (Alger), le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), le Dr Mohammed Yousfi, a rappelé que c'est suite à l'engagement du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, le mois de mai dernier, de prendre en charge ces trois questions qu'un mouvement de grève a été gelé au bout d'une semaine. Le ministre s'est engagé à faire aboutir l'amendement du statut particulier, de même que le régime indemnitaire, avant le 30 juin dernier. M. Ould Abbès avait également assuré les praticiens spécialistes de régler le problème du «visa» du concours dans un délai maximum d'une semaine. «Le ministre a réaffirmé la légitimité de cette revendication et s'est engagé à faire aboutir le projet de statut amendé, déposé auprès de la direction générale de la Fonction publique, dès sa programmation par les institutions concernées et qui aura lieu après le 30 juin 2011», a rappelé le conférencier à propos du statut particulier. Pour ce qui est du régime indemnitaire, «le ministre a insisté sur la nécessité de faire adopter ce dernier avant le 30 juin 2011 pour ne pas faire perdre le bénéfice de l'effet rétroactif, à partir du 1er janvier 2008, aux milliers de praticiens spécialistes en exercice. Il s'engage à le faire aboutir selon la mouture arrêtée par la commission mixte ministère-Snpssp.»Depuis, les praticiens attendent… mais ne voient rien venir. La révision du régime indemnitaire de l'Education nationale a toutefois suscité en eux des interrogations : «Qu'est ce qu'attend le ministre de la Santé pour exprimer la demande d'étude de l'amendement de notre statut ?», demande le Dr Yousfi. Le président du Snpssp affirme que «tout est fait pour décourager les praticiens spécialistes et les faire fuir. Ils les poussent à partir». Selon ses dires, 2 000 praticiens spécialistes ont quitté le secteur de la santé publique depuis juin dernier. Certains sont partis à l'étranger, d'autres ont opté pour le travail dans les établissements privés.Par ailleurs, rapporte-t-il, «1 500 postes de carrières hospitalo-universitaires sont ouverts depuis le mois de juillet dernier». Autrement dit, beaucoup de praticiens spécialistes du secteur public sont tentés, «c'est plus intéressant». Conséquence, «les établissements publics se retrouvent vides et c'est la prise en charge des citoyens en matière de soins spécialisés qui est pénalisée». Aussi, poursuit le représentant du Syndicat, ce sont au moins 2 000 praticiens spécialistes qui sont pénalisés par le blocage du concours. «Il ne faut pas leur en vouloir lorsqu'ils partent. Ils n'ont ni les salaires ni les statuts qui correspondent aux 12 années d'études universitaires et aux efforts fournis dans les établissements de santé, ni aucune possibilité de progression de carrière.» Par ailleurs, avertit-il, 3% seulement sur 8 000 praticiens spécialistes de santé publique ont plus de 20 ans d'expérience. Seulement 15% ont plus de 10 ans. Les autres sont des jeunes, pour la plupart mal formés et qui ne cherchent qu'à «liquider» leur service civil pour aller ailleurs. Pire, ces derniers restent quatre à cinq mois sans être payés. Abordant la question du service civil, le Dr Yousfi indique que le syndicat a fait «plusieurs propositions au ministère pour aider à la résolution de ce problème et assurer une couverture véritable de tout le pays en matière de soins spécialisés… Nous avons dit qu'il faut des mesures incitatives et non pas répressives. Il faut enlever le caractère obligatoire à ce service… Ils ne prennent pas en considération nos propositions». Pour ce qui est de son exclusion à la prochaine tripartite, au même titre que les autres syndicats autonomes de la fonction publique, le Snpssp «dénonce fermement l'exclusion des syndicats autonomes de cette tripartite, qui nous concerne tous. L'Ugta n'est pas habilitée à parler en notre nom. Elle ne nous représente pas. Le gouvernement est toujours dans la logique du syndicat unique et cela, nous le refusons». Le Dr Yousfi s'élève contre ce comportement «injuste» et s'interroge : «De quoi a peur le gouvernement lorsqu'il refuse d'associer les syndicats autonomes aux discussions de la tripartite ?»Pourtant, il y a quelques mois, ces mêmes syndicats ont été invités aux Assises organisées, sur la demande du Président, par le Conseil national économique et social (Cnes) et aux consultations sur les réformes politiques décidées également par le chef de l'Etat. Pour terminer, le président du Snpssp annonce la tenue d'Assemblées générales au niveau local, pour décider des mesures à prendre dans les prochains jours pour faire aboutir ses doléances. Le retour à la grève et autres moyens de contestation n'est pas exclu. K. M.