Photo : Sahel De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou est La Mecque des artistes et des activités culturelles dans la wilaya de Tizi Ouzou. C'est ce qu'en ont fait les pouvoirs publics en marginalisant toutes les autres structures susceptibles d'accueillir les artistes et autres hommes de culture de cette wilaya. Celle-ci ne manque pourtant pas d'associations culturelles et d'artistes à la recherche d'espaces répondant à leurs différentes activités. Même après la mise en service du théâtre régional Kateb Yacine de la ville, l'institution portant le nom de l'auteur de La Colline oubliée continue à être la «plaque tournante» de l'activité culturelle de la wilaya, malgré l'existence de près de cinquante petites structures éparpillées à travers les quatre coins de la wilaya.C'est que les quelque cinquante maisons de jeunes, centres culturels et autres auberges de jeunesse, même s'ils semblent importants en nombre, ne répondent pas à la forte demande des acteurs culturels, notamment les amateurs qui sont de plus en plus nombreux à renoncer à l'activité culturelle pour différentes raisons certes, mais aussi pour de mauvaises conditions d'activité dans ces mêmes structures qui leur sont pourtant destinées. Que ce soit les associations culturelles ou les jeunes artistes amateurs, ils sont nombreux à se plaindre de telle ou telle maison de jeunes ou autre structure culturelle locale pour leur indisponibilité, particulièrement après les heures de travail. En fait, certains directeurs de maisons de jeunes et centres culturels de la wilaya ferment ces établissements à 17 heures, alors que la réglementation stipule une ouverture jusqu'à 22 heures.«Trois responsables de notre association travaillent toute la journée et nous n'avons que la soirée pour activer, mais souvent, la maison de jeunes est fermée à 17 heures ou 18 heures, parce que le directeur ne peut pas rester parce qu'il a à faire ailleurs», dit un jeune animateur associatif qui confie avoir interpellé ce responsable afin qu'il laisse les clés à une autre personne qui puisse rester jusqu'en soirée. De nombreux membres du mouvement associatif n'arrivent pas à activer dans ces lieux de culture pour la «curieuse» raison qu'ils ont un travail. «Les maisons de jeunes sont-elles réservées aux chômeurs ?», s'interroge notre interlocuteur, un brin ironique. Des directeurs de ce genre sont accusés tout simplement de gérer ces structures de manière bureaucratique allant, pour certains, jusqu'à orienter ou contrôler les plus menus détails des activités des associations culturelles. C'est un problème de confiance, pensent des animateurs associatifs. «Ils ont peur pour leurs structures et leurs postes de travail, comme si nous étions des bandes de malfaiteurs. Ils ont aussi peur des jeunes pour des raisons plutôt politiques», dira un autre responsable d'une association culturelle, estimant qu'il doit «y avoir plus d'espace pour le mouvement associatif parce qu'il est composé de bénévoles capables de défendre eux-mêmes leur établissement». «Les pouvoirs publics peuvent toujours élaborer un cahier des charges pour éviter des dérapages et autres détériorations des lieux», dit encore notre interlocuteur qui insiste sur l'application de sanctions en cas de non-respect du cahier des charges. «Les activités culturelles et artistiques ont besoin d'espace et de liberté et elles ne doivent pas subir le poids des forces d'inertie», ajoute-t-il non sans évoquer les établissements scolaires qui devraient accueillir sous certaines conditions les activités des associations culturelles, particulièrement dans les villages et localités qui ne disposent pas d'infrastructures culturelles.