De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Des espaces publicitaires et des comptes-rendus de presse. C'est tout ce dont a droit la population des wilayas autres que la capitale quand il s'agit de spectacles de haut niveau notamment. Des dizaines d'artistes, de renommée mondiale pour certains, ont défilé ces dernières années dans les salles de spectacles d'Alger, et ce, suite à l'embellie financière qu'a connue le pays grâce à la hausse des prix du pétrole sur le marché mondial. Que de milliards dépensés dans l'organisation de galas artistiques avec de célèbres artistes venus particulièrement du Moyen-Orient mais sans que les responsables du secteur de la culture pensent programmer au moins certains d'entre eux dans d'autres wilayas du pays. Pour Tizi Ouzou, il a fallu attendre le Festival culturel panafricain d'Alger (PANAF 2009), organisé dans le courant du mois de juillet dernier, pour que le public local ait droit à du spectacle de haut niveau. C'est à cette occasion que Safy Boutella, Amazigh Kateb, Ismaël Lo et Salif Keïta se sont succédé sur la scène mise en place au stade Oukil Ramdane de la ville des Genêts à la grande satisfaction des férus de la chanson et de la musique. Le public a même eu l'opportunité de découvrir des chanteurs et des groupes exceptionnels même s'ils ne sont pas célèbres à l'instar des Sud-Africains de Vivid Africa, des Congolais de Bana Poto Poto, et de la chanteuse éthiopienne établie aux Pays-Bas, Minyeshu. Cela a donné à la population de Tizi Ouzou une idée de ce qu'elle manque comme spectacles que les autorités offrent souvent à la population algéroise. Donc, pour le public de Tizi Ouzou, le PANAF 2009 a été une véritable bouffée d'oxygène artistique qui risque de ne pas se répéter avant longtemps. Un constat qui devrait amener les pouvoirs publics en charge de la culture à penser à perpétuer la politique de délocalisation des spectacles, toutes disciplines confondues, vers les autres wilayas du pays et de donner l'occasion à toute la population d'assister à des spectacles comme ceux de Charles Aznavour et de Samy Youcef, les plus cités par les personnes interrogées, dont le passage à Alger en a fait baver plus d'un à Tizi Ouzou, et notamment parmi les jeunes. «Le prix du billet m'importe peu, voir Aznavour sur scène n'arrive qu'une seule fois dans une vie», déclare un jeune enseignant du secondaire qui dit reconnaître que Tizi Ouzou ne dispose d'aucune infrastructure qui puisse accueillir de tels artistes. Il est vrai qu'en matière d'infrastructures culturelles, un thème abordé très souvent par la Tribune, la wilaya de Tizi Ouzou reste loin du minimum susceptible d'accueillir les activités culturelles. Au jour d'aujourd'hui, il n'y a que la maison de la culture Mouloud Mammeri qui accueille toute sorte d'activités au moment où le Théâtre régional Kateb Yacine de la ville reste encore et toujours en chantier de réhabilitation. Même les projets, non encore lancés, de réhabilitation des salles de cinéma le Mondial et le Djurdjura ne seront pas en mesure de régler l'épineux problème d'infrastructures culturelles dans la wilaya. C'est que le mal est profond et il faudra toute la volonté politique et des grandes finances publiques pour qu'enfin les grands spectacles soient délocalisés vers les wilayas de l'intérieur dont celle de Tizi Ouzou, et ce, après la réalisation de structures dignes de ce nom dont certaines devraient être spécifiques à des activités précises comme un conservatoire de musique ou une grande salle de spectacles ainsi que des salles de cinéma dignes de ce nom. Le wali de Tizi Ouzou a annoncé la réalisation d'une grande salle de spectacles de 6 000 places, non loin du nouveau stade en projet du côté de Boukhalfa. Si ce projet est mis en œuvre (une question qui se pose dans cette wilaya où beaucoup de projets sans lendemain ont été annoncés), ce sera réellement le début d'une délocalisation de la culture en dehors de la capitale. Le public de la région pourra toujours apprécier des spectacles que les infrastructures existantes ne peuvent actuellement accueillir.