La Turquie a rompu son dialogue avec la Syrie et envisage des sanctions contre le pays voisin, a indiqué, hier, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, fournissant là l'indication la plus nette à ce jour du rejet par Ankara de la politique de répression du président Bachar al Assad. Le premier ministre turc s'exprimait dans une conférence de presse à New York, à l'issue d'un entretien avec le président américain Barack Obama en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU. «J'ai rompu mes discussions avec l'administration syrienne. Nous n'aurions jamais souhaité en arriver là, mais malheureusement cette administration nous a poussés à prendre une telle décision», a-t-il déclaré ajoutant que son pays «ne fait plus confiance à l'administration syrienne», qu'il accuse de mener une campagne de dénigrement à l'encontre de la Turquie.M. Erdogan a souligné que la Turquie s'engagerait dans des discussions avec Washington pour l'imposition de sanctions contre le voisin syrien. L'administration américaine a, elle, déjà annoncé de telles mesures. «Les Etats-Unis appliquent des sanctions à la Syrie. Nos ministres des Affaires étrangères s'emploieront ensemble à déterminer en quoi consisteront nos sanctions», a-t-il dit. «Du fait de cette coopération, les sanctions ne ressembleront peut-être pas à celles qui frappaient la Libye. Toutes les sanctions diffèrent selon le pays, la population et la composition démographique. Les sanctions visant la Syrie seront donc différentes. Nous avons des études préliminaires sur la question», a-t-il ajouté selon l'agence de presse turque Anatolie. MM. Obama et Erdogan «ont parlé de la nécessité d'exercer davantage de pression sur le régime [du syrien], pour parvenir à une issue qui répondra aux aspirations du peuple syrien», a indiqué une conseillère de la présidence américaine. Le premier ministre turc a, d'autre part, ajouté qu'il se visiterait prochainement les camps de réfugiés dans la province turque de Hatay où vivent depuis avril dernier près de 7 000 syriens qui ont fui le conflit dans leur pays.Avec la décision turque d'arrêter le dialogue et de mettre un terme à sa coopération avec la Syrie, le régime de Bachar Al-Assad se fragilise un peu plus, tant politiquement qu'économiquement. La Turquie, s'abstenait de sanctions jusqu'à maintenant, est en effet le principal partenaire commercial de la Syrie. Le commerce turco-syrien a représenté 2,5 milliards de dollars en 2010, contre 500 millions en 2004. Selon des statistiques turques, les investissements d'entreprises turques en Syrie se sont élevés à 260 millions de dollars.Pays membre de l'Otan, la Turquie est l'un des rares pays à avoir ouvert des lignes de communication directes avec Damas. R. C.