Face au soutien de la Russie et l'opposition farouche des Etats-Unis et de la Turquie, l'opposition syrienne a fait un important pas vers son unification avec l'appel, lancé mardi par des animateurs de la contestation sur le terrain, à rejoindre le Conseil national créé fin août pour coordonner la lutte contre le régime en place. Parallèlement, les Etats-Unis tentent de convaincre les Russes de la nécessité d'une résolution de l'ONU contre le régime syrien face à la poursuite de la répression de la révolte qui a encore fait six morts, dont un enfant de 11 ans et une femme, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), cité par des agences de presse. Lors d'un entretien à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ont évoqué «la nécessité de davantage de pression» face à la répression menée par le régime syrien, a indiqué une responsable de la Maison-Blanche. Déterminée à obtenir la chute du régime après six mois de contestation, les Comités locaux pour la coordination (LCC) ont appelé dans un communiqué l'opposition à rejoindre le «Conseil national», formé à Istanbul, et qui, selon ses adversaires laïcs, est animé par les islamistes. «En dépit de nos réserves sur la manière dont le Conseil national a été formé et les forces qui le composent, les LCC apportent leur soutien au Conseil national qui s'est fixé pour objectif de soutenir tous les Syriens quelles que soient leur confession et leur ethnie, à renverser le régime et à établir une société multipartite, démocratique et civile», indique le communiqué. «Nous le soutenons car nous souhaitons aussi unifier l'opposition et surmonter ses divisions», ont-ils ajouté en demandant à «tous les groupes politiques et révolutionnaires de rejoindre le Conseil national». Deux instances de l'opposition ont été créées fin août en Turquie. Le Conseil national et le Conseil national de transition syrien dirigé par un professeur de la Sorbonne exilé à Paris, Burhan Ghalioun, qui regroupe des opposants laïcs. Un autre groupe, la Coalition des forces laïques et démocratiques syriennes (CFLD), formé d'une quarantaine d'opposants laïcs a vu le jour en France. Et à Damas un Comité national pour le changement démocratique (CNCD), regroupant des partis «nationalistes arabes», kurdes, socialistes et marxistes ainsi que des personnalités indépendantes vient d'élire son conseil central. Après que les Etats-Unis se sont félicités des efforts de l'opposition de s'organiser, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a invité son homologue russe Sergueï Lavrov, rencontré à New York, à «réfléchir soigneusement au rôle que pourrait jouer le Conseil de sécurité, à l'heure où le gouvernement syrien tue sa population», selon un diplomate. M. Lavrov, dont le pays est un allié du régime syrien, lui a réaffirmé que «la meilleure voie est un dialogue entre Assad et l'opposition syrienne», a-t-il dit. Selon le New York Times, les Etats-Unis sont de plus en plus convaincus que M. Assad sera renversé et se préparent à assister à une période de turbulences après son départ. Par ailleurs, une délégation de parlementaires russes a achevé une visite en Syrie après des entretiens avec M. Assad et des opposants, selon une source proche de la délégation. Les parlementaires, venus pour tenter de trouver un terrain d'entente entre pouvoir et opposition, se sont rendus à Deraa (sud) où est née la contestation populaire ainsi qu'à Homs et Hama. Leurs rencontres avec les responsables des gouvernorats visités et des opposants, dont l'économiste de renom Aref Dalila, «se sont bien déroulées», a-t-on ajouté. La Turquie rompt le dialogue avec Damas La Turquie a rompu son dialogue avec la Syrie et envisage des sanctions contre le pays voisin, dont le régime réprime depuis six mois un mouvement de contestation, a indiqué mercredi 21 septembre le Premier ministre turc aux Etats-Unis, à l'issue d'un entretien avec le président américain. «J'ai rompu mes discussions avec l'administration syrienne. Nous n'aurions jamais souhaité en arriver là, malheureusement, cette administration nous a poussés à prendre une telle décision» a déclaré Erdogan lors d'une conférence de presse à New York. Selon le Premier ministre turc, son pays «ne fait plus confiance à l'administration syrienne», qu'il accuse de mener une campagne de dénigrement à l'encontre de la Turquie.