La journée du vendredi 23 septembre devrait rester mémorable dans l'esprit du peuple palestinien, si leur requête pour la reconnaissance de la Palestine en tant qu'Etat venait à aboutir. Leur président, Mahmoud Abbas, déposera demain entre les mains de Ban Ki-moon la demande d'admission d'un Etat palestinien à l'ONU. Demande qui intervient dans un contexte de déchirement des pays arabes jamais connu auparavant. Les Palestiniens sont conscients qu'ils ne pourront pas bénéficier d'un soutien franc de gouvernants, dont le souci premier est de ne pas froisser les Etats-Unis d'Amérique après les soulèvements qui ont fait tomber un colosse (aux pieds d'argile finalement) tel que Moubarak, qui était un allié indéfectible des Américains, à un point où il se croyait inamovible, ainsi que le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali et le Libyen Mouammar Kadhafi, et au moment où la Syrie et le Yémen sont à feu et à sang. Si les dirigeants arabes ont toujours pensé la solidarité en fonction de leurs intérêts, qui sont intimement liés à ceux des USA, les révoltes qui embrasent certains pays les ont affaiblis rendant leurs positions encore plus pusillanimes. Il n'est pas de bon ton de contrarier le gendarme du monde, mieux vaut tourner le dos à la cause palestinienne si tant est qu'un jour celle-ci ait suscité l'engagement de ces dirigeants. L'initiative du président palestinien Mahmoud Abbas dans un tel état des choses et dans une situation qui rend les gouvernants arabes plus vulnérables face à la puissance de l'Occident, a pour mérite de mettre à nu les Etats-Unis quant à leur supposée volonté de faire libérer les peuples arabes des despotes qui les gouvernent et de les mettre sur le chemin de la démocratie. Personne n'est dupe pour croire de telles inepties, connaissant la devise des Américains qui consiste à mettre leur pays au-dessus de tout. Leur souci d'aider le peuple libyen n'est qu'un leurre, les génocides (au Rwanda et en Bosnie notamment) et les catastrophes humanitaires en Afrique ne les ont jamais fait bouger. Le chaos qui a suivi l'intervention de l'armée américaine en Irak est révélateur des véritables visées du pays de l'Oncle Sam. Les prétendues préoccupations quant au bien-être des peuples feraient sourire si la situation n'était pas sérieuse. En Palestine, des enfants meurent chaque jour sous les balles des soldats israéliens et des jeunes gens sont tués parce qu'ils réclament leur terre, dans l'indifférence totale des Etats-Unis. La réaction habituelle des USA est d'opposer leur véto à toutes les résolutions condamnant Israël et de se ranger aux côtés de ce dernier. Sans se soucier du peuple palestinien. Le veto sera encore au rendez-vous pendant que celui-ci (le peuple palestinien) manifeste pour la reconnaissance d'un Etat palestinien par l'ONU. R. M.