Le monde avait, hier, les yeux rivés sur l'événement le plus attendu. La demande d'adhésion aux Nations unies d'un Etat de Palestine. Moment historique et émouvant lorsque le président palestinien Mahmoud Abbas a présenté officiellement, à New York, cette requête contenue dans une enveloppe portant l'emblème palestinien, peu avant son discours devant l'Assemblée générale. Un discours d'une quarantaine de minutes, ponctué par un tonnerre d'applaudissements. Abbas, qui a souligné que l'avenir de la Palestine était étroitement lié à sa reconnaissance en tant que membre à part entière à l'ONU, a retracé l'échec des négociations de paix, à cause de la position d'Israël. Le président palestinien est ainsi revenu sur la politique prônée par l'Etat hébreu depuis plus de 60 ans, notamment la colonisation ininterrompue, la confiscation illégale des terres palestiniennes, la destruction massive des maisons, d'écoles, d'hôpitaux, le mur de la honte, les contrôles aux check points, la privation d'accès à l'eau, les violations quotidiennes des résolutions de l'ONU, les crimes commis par les colons (…). Le président palestinien, qui a accusé le gouvernement israélien d'avoir «sapé tous les efforts de paix» depuis un an et affirmé que la colonisation israélienne était «en train de détruire une solution à deux Etats», a demandé un Etat indépendant de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale et comprenant la Cisjordanie et la bande de Ghaza, avec arrêt de la colonisation. «J'ai remis au secrétaire général Ban Ki-moon la demande d'adhésion comme membre à part entière des Nations unies de la Palestine sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale», a déclaré M. Abbas dans son discours. Nous sommes «prêts à revenir immédiatement aux négociations sur la base des références fondées sur le droit international (notamment les lignes de 1967, NDLR) et d'un arrêt total de la colonisation», a-t-il ajouté, précisant «que par cette démarche, les Palestiniens ne cherchaient pas à isoler ni délégitimer Israël, mais l'occupation et la colonisation». «L'heure de la vérité, de la liberté a sonné. Il est temps pour un printemps palestinien», a-t-il clamé. Au même moment, des foules de Palestiniens se sont rassemblées dans les villes palestiniennes pour suivre ce moment symbolique. Pour rappel, la Palestine a besoin pour valider son adhésion de la majorité, soit 9 voix, parmi les 15 membres siégeant au Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont déjà menacé d'opposer leur veto. A. B.