Si la production du pétrole a repris en Libye après une longue période d'arrêt, le retour à la normale n'est pas pour demain. Il prendra, selon les prévisions du Conseil national de transition (CNT), six à neuf mois et plus d'une année selon le Fonds monétaire international (FMI). «Il faudra longtemps avant d'atteindre les niveaux précédant la révolte», a indiqué jeudi dernier Moustapha El Houni, président de la Commission de l'économie et du pétrole du CNT.Ainsi, «l'exportation prendra plus de temps et atteindre la production normale de la Libye de 1,6 million de barils/jour est encore loin», a tenu à préciser le représentant du CNT. La reprise de la production se fera graduellement à travers les champs.«Nous allons commencer la production aux champs de Sarir et de Mesla (est), à l'extrême partie du bassin de Syrte, qui produisent 150 000 barils par jour. La production de ces champs est exportée via Tobrouk et le port est prêt», a-t-il ajouté. La production reprendra ensuite dans des champs à l'ouest du pays qui produisent environ 220 000 barils/jour. Selon des prévisions optimistes, le retour au niveau de production antérieur pourrait prendre de six à neuf mois et, selon des hypothèses plus pessimistes, encore un an. Il faudra également remettre en état les terminaux et les raffineries de Ras Lanouf et de Sedra qui ont subi des dégâts et qui exportaient auparavant presque la moitié de la production de la Libye, a précisé M. El HouniLes prévisions du Fonds monétaire international (FMI) sont par ailleurs pessimistes. En effet, le directeur du Fonds pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Masood Ahmed, a, pour sa part, indiqué à l'occasion des réunions annuelles de la Banque mondiale (BM) et du FMI à Washington que le retour à la normale «n'est pas quelque chose qui peut se faire dans les douze prochains mois».Ce qui est certain pour l'heure, c'est que le chemin de la reprise de la production a été entamé. Après la compagnie libyenne Arabian Gulf Oil, basée dans le fief de l'insurrection à Benghazi, qui avait déjà repris il y a dix jours la production dans l'est du pays, c'est au tour du groupe français Total de reprendre, le 23 septembre dernier, la production de pétrole sur une plate-forme au large de la Libye. C'est, ainsi, la première compagnie étrangère à rouvrir le robinet d'or noir libyen depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. C'est sur la plate-forme Al Jurf que le groupe a repris le travail. A l'arrêt depuis mars en raison de la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi, cette plate forme est opérée par la compagnie libyenne Mabruk Oil et située sur un champ pétrolier détenu à 50% par la compagnie nationale libyenne, la National Oil Corporation (NOC), à 37,5% par Total et à 12,5% par l'allemand Wintershall. Située à environ 100 km au large des côtes libyennes, sa production avant la guerre était de 40 000 barils par jour. Le retour à la normale prendra «quelques semaines», selon un porte-parole de Total. Dans une sortie médiatique la semaine dernière, le patron de Total, Christophe de Margerie, avait indiqué que la production du groupe en Libye devrait reprendre «rapidement», le groupe ayant «de bonnes raisons de penser que (ses) sites de productions sont en bon état en dépit du conflit». A titre indicatif, Total est présent sur quatre sites libyens (Al Jurf et trois champs à terre). Le groupe produisait avant la révolte environ 55 000 barils par jour en Libye.Les autres compagnies étrangères travaillant en Libye suivront-elles l'exemple de Total pour exploiter de nouveau la principale réserve de pétrole d'Afrique ? S. I.