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Les défis de la santé à Oran
Meilleure prise en charge des malades, réalisation de nouvelles infrastructures
Publié dans La Tribune le 28 - 09 - 2011

De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali
En dépit de toutes les réformes engagées pour casser l'image lugubre de mouroir qu'il véhicule depuis plus de 20 ans, le CHU d'Oran reste un établissement hospitalier très controversé aux yeux des Oranais. «Dans les pays qui disposent d'un système de santé efficace, les parents des malades n'ont plus le droit d'intervenir après l'hospitalisation et c'est à l'hôpital de prendre en charge tous les besoins du patient. Chez nous, les parents du malade doivent s'occuper de la literie, de la restauration, des médicaments, des analyses, et prier Dieu pour qu'il n'y ait pas de mauvaises surprises», témoigne-t-on parmi les patients et parents de malades. Ce que de nombreux praticiens confirment à demi-mot ou ouvertement en imputant la responsabilité de cette situation aux pouvoirs publics et leur gestion unilatérale. «De deux choses l'une, soit tu connais des personnes au CHU ou tu t'arranges pour glisser des billets ici et là. Autrement, c'es la galère», confie une infirmière en exercice depuis bientôt 20 ans en soulignant que cela n'est pas propre à Oran.Des témoignages sur les aberrations hospitalières et les comportements parfois indignes de certains membres du personnel (que des conditions de travail déplorables et le manque de moyens ne peuvent justifier à eux seuls) sont légion et il suffit d'interroger n'importe quel visiteur ou malade pour s'en rendre compte : mauvais accueil, emportement de médecins ou infirmiers, mauvaises conditions sanitaires, manque de médicaments…, comptent parmi les griefs retenus contre le CHUO. «Je me souviens que pendant mon hospitalisation à la maternité, j'ai passé plusieurs nuits à chasser les cafards et les souris. J'ai même vu un rat dans le bloc opératoire quand j'ai accouché !! C'était hallucinant», raconte une ex-parturiente qui, trois années après sa malheureuse expérience, n'en revient toujours pas et continue de se demander comment cela peut être possible dans une grande ville comme Oran.D'autres rapportent comment ils sont contraints d'attendre dans des salles insalubres que l'on veuille bien s'occuper de leur cas, avec quelle manière leur auscultation est «expédiée» ou comment ils sont parfois ballottés d'un pavillon à un autre. «Il est même arrivé qu'aux urgences des malades s'emportent violemment contre le laxisme et la désinvolture des praticiens. Plusieurs cas ont même nécessité l'intervention des agents de sécurité et des services de police.»Pour beaucoup de praticiens, cette situation intenable (particulièrement en ce qui concerne les urgences médicales et médico-chirurgicales) est en grande partie due à la pression que l'hôpital subit malgré l'existence d'autres établissements (EHU de l'Usto, hôpital pour enfants de Canastel) et l'ouverture de nouvelles structures de proximité (que beaucoup de citoyens louent pour la propreté et le sérieux affiché). «Les UMC reçoivent une moyenne de 600 cas tous les jours, les autres wilayas de l'Ouest n'hésitent pas à nous envoyer leurs malades et les maternités de proximité se déchargent souvent sur nous des grossesses à risque – qui, souvent, n'en sont pas – au prétexte que le CHU est mieux équipé. Comment voulez-vous que l'hôpital fonctionne convenablement ?», dénonce-t-on parmi le personnel hospitalier.Il y a quelques mois, le CHUO a bénéficié d'une autre enveloppe de 78 milliards destinée au programme de mise à niveau qui vise à doter les services des moyens qui permettront une meilleure prise en charge des malades. A ce titre, il est notamment question de l'amélioration des prestations des urgences médicochirurgicales, la construction d'une nouvelle structure d'UMC, la réalisation d'un nouveau service infectieux et d'une unité de chirurgie spécialisée, la construction d'un service regroupant tous les laboratoires de l'hôpital, la réhabilitation de tous les bâtiments vétustes, l'acquisition de 20 générateurs d'hémodialyse, la construction d'une station d'eau, le remplacement de la literie et l'acquisition d'équipements médicaux.La wilaya d'Oran œuvre à se doter d'un centre des brûlés, de trois nouveaux hôpitaux de 240 lits, d'un centre de transfusion sanguine, d'un centre intermédiaire pour toxicomanes et de neuf polycliniques. Il est également question de la réalisation d'un bloc des urgences à l'hôpital d'El Mouhgon, de deux polycliniques à Aïn El Turck, de l'équipement des maternités en matériels médicales, de 30 salles de soins en zones urbaines, d'un labo national de contrôle des produits pharmaceutiques, d'un centre régional du sang, d'un service de la greffe de la moelle au CHUO, d'un centre antidouleurs, d'un centre d'hémodialyse de 20 lits à Sénia.Il reste que ce travail «matériel» doit s'accompagner d'un effort sur la sensibilisation du personnel médical et paramédical à une meilleure écoute du drame humain et des besoins des malades, ce qui soulagerait, sans doute, de nombreuses douleurs.


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